Fouchtra !, le nouvel ouvrage de Pierre Moulier sur "le mythe des Auvergnats de Paris"
Stars du Paris du XIXe siècle, les Auvergnats ont joui d’une popularité et d’une notoriété sans équivalent et sans commune mesure avec les Bretons, les Gascons ou les Savoyards. Plus importante communauté que tout autre, celle des Auvergnats de Paris fait sensation à son arrivée dans la capitale, jusqu’au début du XXe siècle. C’est ce que retrace l’auteur sanflorain, Pierre Moulier, dans son dernier ouvrage Fouchtra ! Un titre en référence au juron qu’utilisaient à l’envi les Auvergnats, maniant le chuintement à la perfection, « version hard arvernisée de fichtre », dit-il.
Les chaudronniers, les charbonniers qui valent aux Auvergnats le nom de charbougnats puis de bougnats, ou les porteurs d’eau qu’ils deviennent d’abord, avant d’être bistrotiers, ferrailleurs, marchands de toile ou de peaux de lapin, fascinent ces Parisiens qui voient en eux des héros, voire même, selon Pierre Moulier, « des modèles de l’homme régénéré et proche de la nature. Rien de moins ! ».L’Auvergnat devient alors omniprésent dans la littérature parisienne du XIXe siècle. Dans la grande littérature d’abord, avec La comédie humaine de Balzac, puis la littérature populaire et les vaudevilles où les auteurs n’ont de cesse de mettre en scène des Auvergnats. À l’image du Chaudronnier de Saint-Flour qui, dès sa première représentation en 1798, connaîtra un gros succès, « jouée toutes les semaines à Paris pendant dix ans ».Tous les grands auteurs s’en emparent, participant à créer ce que Pierre Moulier décrit comme
le mythe de l’Auvergnat de Paris. Sa naissance, son invention, son développement, c’est une invention parisienne, la création de citadins n’ayant jamais mis les pieds à Saint-Flour. Pourquoi ce Chaudronnier de Saint-Flour dès 1798, cette Niaise de Saint-Flour en 1848, et ce point d’orgue qu’est La rose de Saint-Flour en 1856 ?
Mais si, jusqu’au début du XXe siècle, les bougnats connaissent leurs heures de gloire, le mythe s’écroule. Moqués, raillés, sous-estimés, ils sont alors déclassés au rang de bouffon.
L’ouvrage Fouchtra ! est en vente au prix de 19 €, édité par l’association Patrimoine en Haute-Auvergne et préfacé par Pierre Jourde, « excellent écrivain, spécialiste de la littérature du XIXe siècle », selon Pierre Moulier.
Isabelle Barnérias