Top 14 : avant Toulouse - ASM Clermont, découvrez comment Christophe Urios a vu éclore Antoine Dupont, à Castres
C’était il y a un peu moins d’une décennie. Antoine Dupont ne possédait pas encore cette incontestable aura qui fait de lui la star planétaire du rugby. Et même bien au-delà de son sport. Son titre olympique avec l’équipe de France en juillet dernier ayant encore renforcé son mythe et sa cote de popularité. Lorsqu’il part en vacances aux États-Unis, Antoine Dupont s’entraîne avec une franchise de football américain et prend la pose avec Lebron James ou Lionel Messi.
Lorsqu’il évoluait à Castres (de 2014 à 2017), Antoine Dupont n’était encore qu’une pépite en devenir. « Un phénomène », comme le décrivait alors Rémi Tallès, l’ouvreur du CO.
Christophe Urios, lui, a débarqué sur le banc tarnais à l’été 2015. L’entraîneur se souvient alors d’un jeune homme timide et un peu renfermé. À mille lieues de l’icône médiatique. « Cela se voyait qu’il était différent. Mais là où je voulais le faire progresser, c’était sur sa personnalité. C’était très difficile pour lui et notamment dans sa relation avec les avants. Antoine était très introverti. Il était super pote avec ses copains, comme Anthony Jelonch. Il pouvait être très à l’aise avec les jeunes mais avoir plus de mal avec les grands. Mais encore une fois, il n’avait pas 20 ans. »
Il est désormais le capitaine incontesté du Stade Toulousain et du XV de France. Celui que l’on suit. C’est dire le chemin effectué.
Un amoureux du rugbyÀ écouter Christophe Urios parler du jeune Antoine Dupont, on comprend aussi quelques facettes de la personnalité du joueur. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le demi de mêlée s’est aventuré au rugby à sept. Le Toulousain est un véritable passionné de son sport et possède une véritable soif d’apprendre.
Déjà à Castres, il voulait tout savoir de l’histoire du rugby. « Quand j’avais un entretien avec lui, on pouvait passer une heure à parler de rugby. C’est un mec qui a une culture du rugby qui est incroyable. C’est le premier mec que je voyais comme cela. Il connaissait toutes les équipes et tous les joueurs », se souvient Christophe Urios.
Avant chaque derby Castres - Toulouse, le staff avait mis en place un rituel où les anciens venaient échanger avec l’équipe. Antoine Dupont restait jusqu’à la fin des repas pour s’imprégner le plus possible de ses aînés. « Il ne parlait pas beaucoup. Il ne faisait qu’écouter en fait. Je lui avais demandé pourquoi il faisait ça. Il m’avait juste répondu : “Ça m’intéresse”. C’est pour ça qu’il est bon partout. Parce que c’est un vrai amoureux de notre sport. Dans le rugby d’aujourd’hui, il n’y en a pas beaucoup des comme ça… »
S’il a atteint un tel niveau, il y a aussi et surtout énormément de travail. Déjà à Castres, Antoine Dupont se montrait exemplaire malgré son jeune âge. Et quelques fois, cela revient dans le discours de l’entraîneur. « J’en parle souvent avec le petit Baptiste Jauneau. Lorsqu’il a connu une rupture des ligaments croisés, il a profité de sa blessure pour développer son mauvais pied. Aujourd’hui, ses pieds, ce sont les mêmes. Ça, c’est “Toto”. »
Un personnage forcément marquant, comme le sont tous les immenses champions.
Arnaud Clergue