Jugée après le décès brutal d'une résidente dans l'Allier, l'ancienne directrice d'un Ehpad Orpea finalement relaxée
L’affaire avait débuté en 2016. À l’époque, une résidente de 98 ans est prise en charge dans un établissement Orpea situé à Bellerive-sur-Allier, près de Vichy. Un matin d’été, l’un des autres pensionnaires tente d’étrangler la nonagénaire. Placée en soins intensifs à l’hôpital de Vichy, Vittoria succombera quelques heures plus tard. Bien vite, sa famille pointera une responsabilité, celle de la directrice de l’établissement, et plus largement celle du groupe Orpea.
Des « manquements » pointés par la familleJusqu’en début d’année 2023, pourtant, la responsable de l’Ehpad, une professionnelle aguerrie et rompue à l’encadrement des seniors, ne reste liée au dossier que sous le statut de témoin assisté. Elle est toutefois mise en examen en janvier 2023, trois ans après que les proches de la victime ont porté plainte contre Orpea.
Un groupe qui, pour les enfants et petits-enfants de Vittoria, représentés par Me Gilles-Jean Portejoie, s’est rendu coupable de « manquements » ayant conduit à la mort de leur mère et grand-mère. Et de pointer du doigt l’état de santé du résident s’étant rendu coupable de la tentative de strangulation, lequel était atteint de troubles psychiatriques avérés. Il avait ainsi tenté d’étrangler sa propre épouse quinze jours plus tôt.
« La famille de Vittoria ne pourra jamais dépasser cette conviction que cette agression a hâté la mort de leur parente"
« Il n’aurait jamais dû se trouver dans la résidence ! », a toujours soutenu la famille de Vittoria, qui déplore aussi que, après l’agression, aucun protocole spécifique n’ait été déclenché. Ce qui est d’autant moins compris que, peu avant de s’en prendre à elle, son voisin « s’était fait remarquer à plusieurs reprises par un comportement agressif. Or, sa contention avait été levée par l’établissement alors que ces comportements problématiques étaient connus », a plaidé Me Portejoie à l’audience. « La famille de Vittoria ne pourra jamais dépasser cette conviction que cette agression a forcément hâté la mort de leur parente dont la vulnérabilité était parfaitement connue. »
"Un soulagement" pour l'ancienne directriceMais de conviction, le parquet, en tout cas, n’en a pas exprimé à l’audience, requérant une absence de peine à l’encontre de la prévenue. Le tribunal a donc prononcé une relaxe, ce jeudi. Les parties civiles ont également été déboutées dans leurs demandes d’indemnisation.« C’est un soulagement », a réagi Me Presle, avocate de l’ancienne directrice de la résidence bellerivoise (*). De son côté, Me Portejoie a immédiatement interjeté appel, au civil, de la décision. Et le conseil espère que la cour d’appel « restera cohérente », elle qui, dans une décision rendue en 2022 dans ce feuilleton judiciaire au très long cours, a clairement pointé la responsabilité de la quinquagénaire.
(*) Le groupe Orpea avait lui fait l'objet d'un non-lieu.
Pierre Geraudie