Le prix Nobel de littérature 2024 récompense la Sud-Coréenne Han Kang
Après Annie Ernaux il y a deux ans et Jon Fosse l’an dernier, c’est au tour de la romancière et poétesse sud-coréenne Han Kang d’être récompensée par le prix Nobel de littérature. Les juré·es ont salué “sa prose poétique intense qui confronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine”.
Née en 1970, Han Kang compose depuis le milieu des années 1990 une œuvre prolixe composée de poèmes, de nouvelles et de romans, couronnée de plusieurs prix dans son pays comme à l’étranger. Elle a été découverte en France en 2015 avec La Végétarienne (Le serpent à plumes) qui a obtenu l’International Booker prize l’année suivante.
Drames collectifs
En septembre 2023 paraissait en français son dernier livre, Impossibles adieux (Grasset). La romancière revenait sur un massacre perpétré en 1948 sur l’île de Jeju. Dans ce récit intime envoûtant où des fantômes venaient hanter les rêves de son héroïne, la romancière observait la façon dont les drames collectifs continuent à travailler les individus sur plusieurs générations. Elle nous avait confié en interview : “Je pense que le passé n’appartient pas qu’au passé. Le massacre sur l’île a été une tentative d’extermination car on voulait que ces possibles communistes, leurs familles et jusqu’à leurs enfants disparaissent. J’ai beaucoup réfléchi aux mécanismes de la haine qui pousse à vouloir exterminer certaines personnes. Même aujourd’hui, des gens voudraient anéantir certaines populations. Voilà pourquoi je questionne le passé”.
Han Kang. Impossibles adieux. Traduit du coréen par Kyungran Choi et Pierre Bisiou (Grasset). 338 pages, 22 €.