Cassius : “Best of 1996-2019”, 20 titres qui racontent l’histoire d’un duo mythique
Le 19 juin 2019, deux jours avant la sortie de l’album Dreems de Cassius, Philippe Cerboneschi, alias Zdar, mourait à 52 ans d’une chute mortelle, laissant éploré·es sa famille, ses ami·es et les fans de musique. Producteur pour MC Solaar, Sébastien Tellier, Phoenix, The Rapture, Cat Power ou Franz Ferdinand, il était surtout l’une des figures de proue de la French Touch, que ce soit avec Étienne de Crécy sous le pseudo de Motorbass, ou avec Hubert “Boombass” Blanc-Francard sous celui de Cassius.
Après son décès accidentel est donc paru l’excellent Dreems, album house enchanteur dont la joie de vivre contrastait avec l’ambiance funeste. Les cinq années qui se sont écoulées depuis n’ont pas rendu Zdar à son ami Boombass, mais l’ont convaincu d’“enfiler [son] ancien costume”.
20 morceaux qui racontent une histoire
Après un passage à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques, le voici qui réalise l’un des rêves que Zdar et lui nourrissaient : sortir un best of, à l’ancienne, chronologique ou presque. Le genre de disque que les deux amis devaient aimer explorer avant de se plonger dans l’œuvre complète des artistes qui les faisaient groover. De ce côté-là, les 20 morceaux réunis – disponibles en double vinyle et en digital – racontent une histoire suffisamment intrigante et dansante pour qu’on ait envie, ensuite, d’aller plus loin.
Cassius a certes été l’un des hérauts de la French Touch historique avec les collages funky de samples du premier album (1999, Feeling for You ou La Mouche). Mais le duo n’a jamais été adepte du surplace et, dès Au rêve (2002), échec commercial mais réussite artistique, il met de l’organique et des chansons (The Sound of Violence et I’m a Woman, avec deux grandes voix noires, Steve Edwards et Jocelyn Brown).
L’électrique 15 prolonge ce grand écart naturel entre house et rock, avec le sautillant Toop Toop ou Rock Number One, deux chansons où Zdar se fait entendre.
Que des tubes en puissance
Reflet d’une contrée fantasmée où Ibiza et la Californie seraient voisines, Ibifornia (2016) pousse le métissage encore plus loin avec des guests qui se prêtent à ce jeu avec les genres – une inspiration de Cassius reste les productions enregistrées au studio de Compass Point, aux Bahamas, où, notamment sur les albums de Grace Jones, reggae, disco, funk, rock se frottaient en créant des étincelles.
Sur Go Up et Action, Cat Power sonne sensuelle comme jamais avec d’un côté Pharrell Williams et de l’autre Mike D des Beastie Boys. On retrouve d’ailleurs ce dernier sur Cause oui!, extrait de Dreems, vibrant chapitre final d’une aventure qui a bouclé la boucle en revisitant la house presque 20 ans après 1999.
N’oubliant pas le tube 2.0 de I <3 U So (2010) et l’inclusion d’une rareté, Dynapoly (1996), cette compilation ne contient – quasiment – que des tubes en puissance. Chanceux·ses sont les artistes en herbe qui y jetteront les deux oreilles : peut-être que leur vie sera changée, plus joyeuse et excitante. Quant à nous autres, on pourra se rafraîchir auprès de cette fontaine de jouvence.
Best of 1996-2019 (Love Supreme/Justice/Because Music). Sortie le 11 octobre.