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Октябрь
2024

"Ce sont des martyrs" : en Haute-Loire, ces parents ont fait vivre un véritable enfer à leurs enfants

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«Tous les cinq jours en France, un enfant meurt de maltraitance physique. » La substitut du procureur, Marjorie Szczota, s’est appuyée sur cette triste réalité pour débuter ses réquisitions, mardi, à l’encontre d’un couple de parents. Trois de leurs 11 enfants ont porté plainte contre eux pour des violences commises entre 2015 et 2019 alors qu’ils étaient mineurs et domiciliés entre le Gévaudan et l’Emblavez.Les deux plus jeunes ont dénoncé l’enfer qu’ils vivaient, en janvier 2021, deux ans après avoir été placés dans un foyer, à l’âge de 8 et 10 ans. L’ensemble de la fratrie a été auditionné par les enquêteurs. Leur famille fait l’objet de mesures éducatives depuis 23 ans. Seule la dernière fille (âgée de 5 ans au jour de l’audience) n’a jamais été placée. Chaque enfant entendu a pu décrire le climat familial avec les mêmes mots, les mêmes objets de souffrance et les mêmes sévices. La fille aînée du couple a raconté « la loi du silence » qui régnait jusqu’aux dénonciations faites par les plus jeunes. Elle avait confié aux enquêteurs qu’étant « la plus âgée, je devais m’occuper du ménage et des enfants à partir de la classe de 6e. Je prenais des claques et des coups de poing quand je ne remplissais pas mes tâches comme il faut. » Devenue adulte, l’aînée a accueilli à son domicile une de ses sœurs, qui a elle aussi porté plainte contre ses parents pour des violences subies entre ses 13 et 15 ans. Cette dernière a raconté une partie de ses souffrances.

J’ai vécu des violences dès mon plus jeune âge. J’avais un problème d’incontinence. Ils me mettaient la tête dans mon pipi et ma culotte sale dans la bouche.

L’un des fils aînés se faisait traiter de « bâtard » par sa propre mère. Surtout, il a témoigné pour l’un de ses petits frères « tellement battu qu’il ne ressentait plus la douleur quand il s’est cassé le bras ». « À la maison, c’est maman qui décidait de tout. Elle disait à papa de nous taper et il le faisait. » Les enfants étaient contraints de rester à genoux sur un bâton, de se faire fouetter avec une ceinture en cuir ou un martinet. Les privations de repas étaient régulières, tout comme les douches glacées. Les parents obligeaient même leurs enfants à voler pour manger.« Ce sont des enfants martyrs. Vous les avez traités comme des moins que rien. Vous avez enlevé toute dignité et tout respect », a résumé la présidente d’audience, Nelly Pradeau, avant de laisser la parole à la défense.Le père a reconnu des punitions légères comme « envoyer les enfants au coin ou dans leur chambre, mais jamais tapés ». La mère a reconnu des violences sur sa fille aînée et des négligences sur les plus jeunes « abandonnés pour éviter la prison à mes grands ». Si les enfants n’ont pas toujours mangé à leur faim, c’est par manque de moyens. Me Manon Fourcade, avocate des parents, a plaidé la relaxe. « Notre travail à tous c’est la manifestation de la vérité, mais ce dossier a été bâclé. […] Ils n’ont pas su s’occuper de leurs enfants, mais il n’y a pas de preuve matérielle de maltraitance. » Le Ministère public a opposé les courriers rédigés par les enfants qui décrivent les violences de leur quotidien, une cicatrice sur le bras du garçon qui avait été blessé au couteau… avant de requérir une peine de 12 mois de prison avec sursis et un stage de responsabilité parentale.Le tribunal a mis sa décision en délibéré. Elle sera rendue le 22 octobre.

 

Céline Demars