Pour l'Education nationale, l'internat, ce n'est pas seulement de l'accompagnement scolaire
Impossible de dresser le portrait type d’un internat. Entre un collège et un lycée, un internat urbain et un internat rural, un gros internat et un petit internat, les contrastes peuvent être très forts. Illustration avec Olivier Lopez, référent académique des internats d’excellence dans l'académie de Clermont-Ferrand.
Qui sont les internes ?
"On a des sociologies très différentes", pointe Olivier Lopez. Pour une majorité d’élèves, l’internat est un choix contraint. Parce que les familles, dès le collège, veulent épargner à l’enfant un temps de trajet trop long. Ou parce que l’élève doit s’éloigner du domicile familial pour suivre une formation, une option ou une spécialité (au lycée surtout).De plus en plus souvent, le choix peut aussi être libre.
"Il existe des élèves qui souhaitent être internes parce qu’ils ne veulent pas subir de longs trajets en car ou parce que leur copain est à l’internat. Ils peuvent aussi avoir envie d'un autre contexte de vie."
Que se passe-t-il dans un internat ?
Les établissements sont libres de fixer les règles de fonctionnement : les horaires du lever et du coucher, le nombre de lits par chambre, l’autonomie laissée aux élèves, les activités proposées dépendent de leur projet éducatif.
Bien sûr, quelle que soit cette organisation, "il y a forcément un temps dédié au travail personnel", pointe Olivier Lopez.
"Chaque établissement détermine ce qu’il met en place, une étude obligatoire, du travail en chambre, voire un mélange des deux."
Mais l’internat d’aujourd’hui, "ce n’est pas que l’accompagnement scolaire, il doit proposer aux élèves un cadre de vie le plus large possible".
D’où la proposition d’activités d’ouverture culturelle (opéra, théâtre, cinéma…) ou de projets en lien avec l’environnement. Comme entretenir un potager et s’occuper d’abeilles ou de poules…
Une volonté « d’adapter le collectif à l’individu »
Pour l’Education nationale, les priorités sont de « donner à chaque élève les meilleures conditions de réussite » et de « veiller à son bien-être global ».
L'académie donne des orientations, mais sur le terrain, il revient bien à chaque établissement de « trouver ce qui permet de respecter les besoins individuels dans le cadre de la gestion du collectif ». Par exemple un interne doit pouvoir se rendre à son entraînement de basket ou à son cours de musique en fin de journée. Dans leur volonté d’apporter une réponse sociale aux besoins des familles, certains internats offrent aussi d’autres rythmes que l’année scolaire complète. "Venir deux soirées par semaine, ou seulement pendant l’hiver, c’est possible si l’établissement le permet", remarque Olivier Lopez. C’est d’ailleurs le type d’expérimentation encouragé par l’internat d’excellence.
Comment faire de l’internat un outil de promotion sociale ?
Depuis 2021, le label Internat d’excellence est accordé aux établissements qui s’engagent pour cinq ans dans un projet éducatif novateur, pour faire de l’internat un acteur de la promotion sociale.
"C’est un contrat moral. L’établissement labellisé reconnaît que la prise en charge de l’adolescent est différente de la prise en charge de l’interne, qu’il a d’autres aspirations et qu’il faut les prendre en compte."
Il n’est pas nécessaire d’être labellisé pour innover. Mais "le label est un outil de progrès et de changement des mentalités, il fait office d’accélérateur".Sur les vingt-neuf internats du Puy-de-Dôme, seize sont labellisés.
Isabelle Vachias