Le général Brochier, nouveau commandant de l'école de gendarmerie de Tulle : "Les jeunes qui sortent sont bien formés"
La cérémonie, le 30 mai dernier, avait une double valeur symbolique sur la vaste esplanade de l’école de gendarmerie de Tulle. Le général Jean Gouvart faisait à la fois son adieu aux armes en même temps qu’il passait le relais à la tête de la structure de formation tulliste au général Christophe Brochier. Le nouveau commandant de l’école de gendarmerie a pris ses quartiers avec une profonde considération de ses nouvelles missions : « Il s’agit de ma dernière affectation. Et je suis très heureux de terminer ma carrière dans la transmission, faire partager ce qu’on a vécu. Dire aux élèves qu’à travers la gendarmerie, c’est possible de vivre beaucoup d’aventures à travers tous les métiers et les parcours qu’elle propose. »
Une richesse dont le parcours du général Christophe Brochier témoigne, depuis ses premiers pas dans l’arme en 1991, lorsqu’il intègre l’école des officiers, en passant par plusieurs affectations en gendarmerie mobile, en gendarmerie départementale, jusqu’à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), dont il a commandé l’antenne de Montpellier avant son arrivée au printemps dernier en Corrèze.
Expérience cosmopoliteOriginaire des Alpes du sud, le général Brochier a gardé le goût des reliefs mais aussi celui de l’effort. Dans son bureau, le nouveau commandant de l’école conserve plusieurs souvenirs des unités alpines - peloton de montagne de gendarmerie mobile de Digne-les-Bains, groupement de gendarmerie mobile de Chambéry, compagnie de Thonon-les-Bains, commandement du groupement des Alpes-de-Haute-Provence… La gendarmerie lui a aussi ouvert les portes d’horizons plus lointains, synonymes, eux aussi, d’expériences riches. Parmi celles-ci, des missions en Algérie, auprès de l’ambassade de France, mais aussi au Kosovo. « C’est un métier d’enrichissement humain, y compris parfois dans des situations tendues », explique le général, avant de confier dans un sourire : « La gendarmerie m’a permis d’aller du sommet du Mont Blanc jusqu’aux lagons de Nouvelle-Calédonie. »
C’est ce champ des possibles que le nouveau commandant de l’école de gendarmerie souhaite faire partager aux jeunes élèves, à qui il témoigne beaucoup de considération. « J’ai du mal à entendre certaines critiques de la jeunesse. Ce que je constate, c’est qu’ici, ce sont des jeunes qui se donnent totalement. Ce sont des jeunes très bien, et il faut le dire. »
Les attentes pour ces élèves gendarmes sont à la hauteur de leurs futures missions et les journées bien remplies. « Le lever est à 5 h 45 et le coucher vers 22 h 30. Et le contenu des formations est dense : beaucoup de pratique sportive, pour travailler la robustesse, l’esprit de camaraderie, le savoir être qui va avec, mais aussi de la théorie, avec le cadre légal d’usage des armes, qui court tout au long de la formation. »
Plus d’un millier d’élèvesAvec les évolutions et changements sociétaux, l’école continue de s’adapter dans sa façon de former les futurs gendarmes. « Nous formons à toutes les problématiques liées aux violences intrafamiliales et nous travaillons actuellement sur un projet de sensibilisation à l’environnement, un sujet stratégique à côté duquel nous ne pouvons pas passer », précise le général Brochier.
Du côté des effectifs, l’école tulliste constitue une petite ville dans la ville avec aujourd’hui 800 élèves et un effectif total de 1.100 élèves au 1er décembre. « Nous allons créer une demi-compagnie de gendarmes adjoints volontaires en commun avec Saint-Astier. Par ailleurs, l’école comptera neuf compagnies, nous serons au complet. » Les temps de formation, pour des jeunes âgés de 19 à 25 ans en moyenne, varient de 13 semaines pour les gendarmes adjoints volontaires à 7 ou 9 mois pour un élève gendarme.
Autre projet, « nous réfléchissons à une solution pour créer un parking pour répondre à nos besoins », indique le responsable, qui précise qu’outre le millier d’élèves, « l’école compte 250 personnels dont 80 civils qui travaillent au mess pour les 440.000 repas annuels, aux fonctions support, à la chaîne d’habillement… »
Porté par son expérience, le général Brochier croit aux valeurs de l’Europe autant qu’aux jeunes qui dessineront les forces de demain. À Montpellier, il a créé la classe prépa Talents, ouverte aux élèves boursiers, pour préparer le concours de l’école d’officier. « Je transmets et je continue d’apprendre. C’est une belle fin de carrière », confie le général, qui a placé ses pas dans ceux de son père, adjudant-chef dans la gendarmerie.
Julien Bachellerie