Flavien Neuvy, nouveau président de l'AMF 63 : les communes entrent "dans une période agitée"
Le week-end dernier, les membres de l’association des maires de France du Puy-de-Dôme se sont réunis pour élire un président. Sans grande surprise, c’est l’ancien secrétaire général, Flavien Neuvy, maire de Cébazat, qui a été élu.
Comment envisagez-vous votre mandat??
L’AMF 63 est une association comme il en existe tant en France. Elle a pour mission d’accompagner les maires dans l’exercice de leurs fonctions. Il y a, en parallèle, un travail de pédagogie pour expliquer le rôle du maire. J’étais secrétaire général depuis 2020, donc je vais m’inscrire dans la continuité. Nous allons entrer dans une période agitée pour les collectivités territoriales et les communes en particulier.
Pourquoi??
On a ce bruit de fond des critiques des communes. « Il y en a trop… Elles sont mal gérées… » Ce qui est factuellement faux. Je rappelle qu’une commune ne peut pas avoir plus de dépenses que d’entrées. Elles ne contribuent pas au déficit. Nous pouvons faire des emprunts mais uniquement pour investir.
La dette de toutes les collectivités territoriales est de 208 milliards d’euros. C’est 8 % de la dette publique. Et ce ne sont pas des dettes de fonctionnement, mais d’investissement.
C’est facile de taper sur les collectivités. C’est se défausser de ses responsabilités. Le dernier budget à l’équilibre, de mémoire, c’était sous Valéry Giscard d’Estaing.
Est-ce que vous pensez pouvoir être entendus par le gouvernement??
Le gouvernement est dans l’urgence. Il fait feu de tout bois pour construire son budget 2025. Toute décision hâtive se traduit par une baisse des investissements publics. Alors qu’on nous impose des objectifs très précis, comme pour la transition énergétique à l’horizon 2030.
Vous parlez du fonds vert, censé financer cet objectif, qui a été abaissé de 2,5 à 1 milliard d’euros. On a l’impression qu’il s’agit d’une pratique régulière de l’État vis-à-vis des communes : fixer des objectifs, puis supprimer les moyens.
Oui, nous recevons des injonctions contradictoires. L’État nous demande d’investir dans les mobilités, la transition énergétique, et ensuite on nous dit « Vous dépensez trop ».
L’AMF doit aussi accompagner les maires des petites communes, souvent écrasés par leur fonction.
Aujourd’hui, les maires des petites communes font tout eux-mêmes. Souvent, ils n’ont pas d’agents territoriaux. Pour la fête patronale, ce sont eux qui posent les barrières de sécurité.
Face à ça, il y a des normes toujours plus complexes, toujours moins de moyens et une population certainement plus impatiente, plus exigeante et parfois plus violente. À un moment donné, c’est normal de préférer profiter de sa vie de famille.
Quand on dit qu’il y a trop de communes et qu’elles coûtent trop cher : il y a 500.000 élus municipaux en France. 80 % sont bénévoles. Moi, je ne sais pas ce qui est moins cher que gratuit.
Propos recueillis par Simon Antony