Il vendait des produits contrefaits sur les réseaux sociaux : "Je ne pensais pas que les conséquences seraient aussi graves..."
Survêtement noir, petite voix et air placide, presque timide, le jeune homme de 20 ans qui se présente devant le tribunal n’a pas vraiment le profil d’un trafiquant. L’intense commerce de chaussures, vêtements et parfums auquel il s’est livré, durant près de neuf mois, en 2023 et 2024, via Snapchat, n’avait pourtant rien de légal. Les produits étaient contrefaits.
Au catalogue de cet Issoirien figuraient aussi des cigarettes électroniques Puff et des cartouches de cigarettes contrefaites, tout aussi illicites. Les premières, achetées par ses soins 9 euros, étaient revendues 15 euros. Les cartouches, acquises pour 30 euros chacune, étaient proposées à 50 euros.Comme sur n’importe quel site de vente en ligne, les clients pouvaient bénéficier d’offres promotionnelles ou au contraire payer plus cher en cas de livraison lointaine. Un business florissant que le prévenu gérait seul, depuis l’appartement de sa mère, avec des déplacements à Paris ou à Clermont-Ferrand pour se fournir. Et qui lui aurait rapporté entre 10.000 et 15.000 euros, selon ses dires.
Pour "gagner un peu d'argent"Comment ce jeune homme sans histoire et inséré socialement a-t-il pu basculer ainsi dans le commerce illégal ? "Pour gagner un peu d’argent", soupire ce dernier, au chômage au moment des faits et qui dit avoir rencontré des difficultés pour retrouver du travail. "Je ne pensais pas que les conséquences seraient aussi graves, sinon je ne l’aurais pas fait."Les conséquences ? D’abord une enquête de gendarmerie débouchant sur une interpellation et une perquisition au domicile de sa mère et de son frère. Outre des produits contrefaits, les militaires saisissent près de 11.000 euros en numéraire.
Puis ce procès devant le tribunal où il encourt sept ans de prison. "Il est primo-délinquant mais il faut tenir compte de l’ampleur de ce trafic", tance Laure Moisset au parquet. "Il a donné beaucoup d’énergie dans ce commerce, il essayait de répondre aux besoins de la clientèle."
Argent et voiture confisquésLa magistrate relève cependant que le jeune homme, qui a décroché un travail depuis les faits et a parfaitement respecté son contrôle judiciaire, "est dans une bonne dynamique". Elle demande huit mois de prison avec sursis."Très clairement, c’était de l’argent facile", admet Me Karine Engel en défense. "Mais mon client n’est pas un délinquant profond. Et aujourd’hui, les conséquences de ses actes, il les assume." Le tribunal suit le parquet. L’argent saisi ainsi que la voiture maternelle, dont l’Issoirien s’est servi pour ses activités, sont confisqués.
Olivier Choruszko