Deux historiennes américaines à Montluçon pour évoquer l'assassinat de Marx Dormoy
À consulter leurs emplois du temps, on pourrait penser que Gayle K. Brunelle et Annette Finley-Croswhite ont intégré l’équipe gouvernementale de Michel Barnier.
Après une escapade à Carcassonne et avant de se rendre à Blois, ce week-end, pour l’édition 2024 des Rendez-vous de l’Histoire, les deux Américaines ont passé quelques heures sur les bords du Cher, ce mardi, pour présenter et dédicacer leur dernier ouvrage (*).
Documents classés« Un livre qui se lit comme un polar mais contrairement à un polar, à la fin, aucun des assassins n’est arrêté », annonce en préambule Jean-Claude Deteix, gérant de la librairie Le Talon d’Achille, à Montluçon.
Que faut-il retenir du livre de Gayle K. Brunette et Annette Finley-Croswhite sur l'assassinat de Marx Dormoy ?
Face aux lecteurs, les deux historiennes évoquent les difficultés qu’elles ont dû affronter avant de mettre un point final à leur enquête sur l’assassinat de Marx Dormoy dans la nuit du 25 au 26 juillet 1941 à Montélimar. Ville où l’ancien maire avait été placé en résidence surveillée par le Maréchal Pétain.
Version française« De nombreux documents d’archives étaient classés et il fallait demander une dérogation pour y accéder. » Un travail de longue haleine qui a abouti, au mois de mai, à la sortie de la version française du livre, publié en version originale il y a quatre ans en pleine pandémie de Covid. « Ce livre, c’était un moyen de raconter l’histoire de la Cagoule en France », explique Gayle K. Brunelle. Dirigée par Eugène Deloncle, cette organisation terroriste d’extrême droite est dissoute le 23 novembre 1937 par Marx Dormoy, alors ministre de l’Intérieur.
Une bombe sous le lit« Il avait compris qu’un coup d’État se préparait. Il a démasqué la Cagoule et il l’a payé très cher », ajoute Annette Finley-Croswhite. Régulièrement dénigré dans certains journaux, surnommé « FantoMarx », vilipendé pour ses liens avec le chef du gouvernement du Front populaire Léon Blum, l’ancien maire de Montluçon est la cible d’un attentat à la bombe qui ne lui laisse aucune chance. Ses assassins ne seront jamais jugés.
Et la responsabilité de Pétain dans cette affaire ? « Difficile à dire. Ce n’était pas forcément le commanditaire mais la mort de Marx Dormoy, qui avait des dossiers depuis son passage au ministère de l’Intérieur, a permis au Maréchal de passer sous silence le fait, qu’en tant que ministre de la Guerre en 1934, il n’avait rien fait pour le réarmement de la France. »
(*) L’assassinat de Marx Dormoy (éditions Nouveau Monde) 22,90 euros.
Martial Delecluse