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Октябрь
2024

"La modernisation était devenue nécessaire" : la ligne Bourges-Montluçon prend un nouveau départ

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Transportés sur les rails pour un voyage aller-retour entre Montluçon et Orval (Cher), élus, représentants de l’État et de la SNCF ont eu droit, lundi après-midi, au scénario « Deux salles, deux ambiances ».

Sous un chapiteau installé spécialement pour l’occasion sur le parvis de la gare de Saint-Amand-Montrond-Orval, Francesca Aceto, directrice territoriale SNCF Réseau Centre-Val de Loire, rappelle en préambule que la ligne entre Bourges et Montluçon date de 1861. Avant de reconnaître que « la modernisation de cette ligne était devenue nécessaire ». Et de féliciter l’ensemble des acteurs du chantier qui aura duré seize mois. « Le résultat est à la hauteur de l’attente. Ce qui se traduit par un gain de dix minutes pour les trajets en TER. »

Des rails de 1911

Écharpe autour du cou, Philippe Fournié, vice-président de la Région Centre-Val de Loire, prend le relais. « J’étais il y a quelques semaines à Saint-Florent-sur-Cher pour une visite du chantier et j’ai pu m’apercevoir que certains rails dataient de 1911. C’est dire l’état de certaines de nos voies ferrées. » Pour aussitôt insister sur les efforts faits par sa collectivité. « La ligne Bourges-Montluçon est la sixième à être régénérée sur notre territoire depuis la concrétisation d’un accord passé avec l’État en 2017. »

Les travaux de modernisation de la ligne Bourges-Montluçon inaugurés ce 7 octobre à la gare de Saint-Amand-Montrond/Orval

Ce qui n’empêche pas l’élu de tacler François Durovray, en poste depuis peu au sein du gouvernement de Michel Barnier : « Quand j’entends le ministre des Transports dire que certaines lignes devraient fermer, j’aimerais l’inviter pour lui montrer nos lignes et les investissements qui ont été effectués ces dernières années ».

Sophie Brocas, préfète de la région Centre-Val de Loire, préfère insister sur le nouveau contrat de plan État-Région signé en novembre à Orléans. Contrat doté de 500 millions d’euros « dont 373 sont fléchés sur le chemin de fer ». Et de conclure avant de couper le ruban devant la gare : « La bataille du rail n’est pas finie, elle ne fait que commencer ».

 

Les représentants de l'Etat accueillis en gare de Montluçon par des membres de la CGT, mécontents de la façon dont le chantier a été mené par la SNCF Prévue une heure plus tard, la cérémonie en gare de Montluçon prend une autre tournure. Accueilli à sa descente de train par une vingtaine de membres de la CGT, Frédéric Laporte, maire de Montluçon et président de Montluçon communauté, se voit remettre un rapport du cabinet d’expertise comptable Cogexa commandé par le comité social et économique d’établissement de SNCF Réseau sur la sous-traitance des travaux effectués sur le tronçon, notamment par Arcadis, une entreprise extérieure à la SNCF.

Un chantier contesté

« Ce rapport a relevé 110 malfaçons sur le chantier. Il est important que les élus prennent conscience de ces problèmes », justifie Laurent Indrusiak, secrétaire départemental de la CGT Allier.

« Je le lirai avec attention », promet le maire avant de prendre la parole à la tribune installée sous un barnum. « C’est un grand jour. C’est important pour la population et pour les entreprises. Il nous faut des lignes en parfait état et il y en a d’autres à régénérer », dit-il faisant référence au tronçon entre Montluçon et Gannat, susceptible d’accueillir les convois chargés de lithium du groupe Imerys. « Nous pourrons transmettre cette ligne à nos enfants »

"Redonner du sens au potentiel industriel"

Présente à Montluçon, Catherine Salin, directrice territoriale adjointe SNCF Réseau Auvergne-Rhône-Alpes, insiste sur l’importance du chantier : « 35 millions d’euros ont été investis pour remettre en état 25 kilomètres de rail sur la partie Allier. Nous pourrons transmettre cette ligne à nos enfants ».

La phrase fait aussitôt sourire les représentants de la CGT. « Cela fait longtemps que l’on dit que la ligne est en mauvais état. Si l’entretien du tronçon avait été fait en temps et en heure, il n’aurait pas été nécessaire de fermer la ligne », regrette Michel Dubreuil, secrétaire cheminots CGT Montluçon.

Des griefs qui n’ont pas ému le sous-préfet de Montluçon. Répondant à Frédéric Laporte qui regrettait le départ de la préfète de l’Allier avant les discours, Jean-Marc Giraud assure que Pascale Trimbach « s’est investie dans le dossier en visitant plusieurs fois le chantier et qu’elle se bat pour obtenir des subventions afin de redonner du sens au potentiel industriel du bassin de Montluçon. »

Martial Delecluse