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Oui, Mme Anne Genetet, élevez le niveau!

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La nouvelle ministre de l’Éducation nationale veut vraisemblablement bien faire, mais elle est déjà très critiquée suite à des erreurs de communication et un rétropédalage un peu ridicule.


Ce samedi 5 octobre, c’était la journée mondiale des professeurs. Pour la forme davantage que pour le fond, la ministre de l’Education nationale a publié sur les réseaux sociaux un courrier très court (que nous publions ci-dessous). Nous ressentons toute l’empathie de la nouvelle ministre envers les professeurs, à qui cette petite lettre n’est même pas destinée, et en bas de laquelle elle n’a même pas signé ! « A nos professeurs » + une image : et hop ! le coup de com’ est effectué, il n’y a rien à dire de plus, rien de particulier à ajouter.

Les enseignants ne recevront rien sur leur messagerie professionnelle, laquelle est pourtant la voie de communication logique et habituelle, et il n’y a même pas le petit logo officiel du ministère en entête pour donner un peu plus de solennité à ces mots qui fleurent tant l’opportunisme calendaire qu’ils n’ont évidemment rien de sincère !

Un hommage au 7-Octobre « pour réfléchir à ce que signifie défendre la laïcité très concrètement », vraiment ?

C’est triste, même si cela n’a rien d’étonnant. Déjà, l’interview donné la veille sur RTL laissait entrevoir des zones d’ombre dans le discours d’Anne Genetet, et des hésitations finalement assez problématiques. Notamment sur le supposé hommage rendu dans les écoles pour le 7-Octobre, puis infirmé et évidemment non organisé, en raison d’une erreur de date, la ministre ayant visiblement fait une confusion avec la commémoration des assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard prévus la semaine du 14 octobre. En réalité, il faut suspecter des raisons moins dicibles et plus triviales, à savoir que de tels hommages auraient été impossibles dans beaucoup d’établissements.

A lire aussi, du même auteur: Mise en place de l’uniforme scolaire: quand la politique s’invite ouvertement à l’école!

 « Dans chaque classe, vous transmettez des savoirs et éveillez des consciences libres » : voilà une très belle idée, exposant effectivement l’objectif de l’enseignement dans un monde scolaire où l’idéologie ne forcerait pas les portes et où la laïcité et la neutralité de chacun seraient scrupuleusement respectées. En réalité, il s’agit donc d’une phrase toute faite. Car voilà, l’entrisme politique a bel et bien fait son œuvre, et nous voyons de plus en plus d’enseignants être la proie des discours dominant la scène publique et politique, notamment sur le conflit au Moyen-Orient et sur les sujets de l’islamisme et de l’antisémitisme. Voilà pourquoi le 7-Octobre ne sera pas commémoré, voilà pourquoi les otages français tués ou encore sous le joug de leurs geôliers n’auront pas leur minute de silence, voilà pourquoi les débats sur l’antisémitisme qui prolifère tant depuis un an n’auront pas lieu à l’école. Car les consciences ne sont pas réellement libres, qu’il s’agisse de celles des élèves, ou plus grave, de celles de leurs enseignants.

La ministre est une tiktokeuse !

Une autre intervention médiatique de la ministre de l’Education nationale m’avait déjà alerté sur cette communication assez défaillante. C’était lors d’un dialogue sur les rythmes scolaires sur TikTok, avec un influenceur déjà bien identifié pour des prises de position contraires à nos valeurs républicaines, et notamment connu pour avoir soutenu l’imam Mahjoubi, lequel avait été expulsé hors de France après avoir affirmé dans un prêche que notre drapeau était satanique… Ce TikTokeur a bien failli être invité au ministère, pour discuter des horaires de cours avec la ministre Genetet, avant qu’elle ne fasse machine arrière car l’individu aurait également tenu des propos homophobes. Devons-nous en conclure qu’il existe une certaine hiérarchie des bonnes raisons de revenir sur une invitation donnée à un influenceur (!) ? De surcroit, via un réseau social malheureusement déjà bien connu pour être l’amplificateur de nombreuses situations problématiques chez nos jeunes ? Que l’on souhaite communiquer avec la jeunesse est louable ; qu’on le fasse de cette façon s’avère périlleux et pose de nombreuses questions sur la finalité de ladite communication.

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Est-il également utile de revenir sur le premier déplacement de la ministre, jeudi 3 octobre, dans un collège à Creil (94), où, en guise de trophée, Mme Anne Genetet a ramené avec elle une belle photo où on la voit faire un « check » avec un élève (une tape dans les deux mains) ? La photo, manifestement, a tant plu à la nouvelle locataire de la rue de Grenelle qu’elle en fait depuis la couverture de ses comptes Facebook et X (voir ci-dessous) ? Je ne résiste pas à l’envie de citer de nouveau la belle lettre pour la journée mondiale des professeurs : « Vous me trouverez toujours à vos côtés pour que votre autorité soit respectée… » ! Eh hop, tope-là dans la main, c’est la nouvelle formule qui consacre apparemment l’autorité des profs. Encore fallait-il le savoir avant, on aurait pu nous prévenir… Si c’est la ministre qui donne pareil exemple, alors pourquoi donc continuer à se battre pour préserver la distance nécessaire entre l’enseignant et l’élève ? Comment demander à ce dernier de se lever pour l’accueil dans la classe, quand la ministre prend modèle sur le collégien, et non le contraire, et s’en réjouit ?

Source: Facebook de la ministre

Toujours ce vendredi 4, au micro de RTL, la ministre a copié Bruno Retailleau et son anaphore sur l’autorité : « J’ai trois priorités : élever le niveau, élever le niveau, élever le niveau ! » a-t-elle déclaré. Dans notre école, où presque tout va mal, il serait effectivement temps de dire les choses clairement. Vague après vague, les comparatifs internationaux démontrent que les élèves français décrochent, et ne cessent de rejoindre le bas du tableau. Oui, il faut relever les savoirs académiques dispensés aux élèves, alors que trop souvent l’ « éveil » ou les « éducations à machin-chose » ont pris la place de l’instruction. Il faut également évidemment relever très sensiblement la formation et le salaire des enseignants, dans la mesure des possibilités financières du pays.

Mais, il serait de bon aloi aussi de commencer par la communication ministérielle officielle ; cela ne coûterait pas grand-chose en comparaison, cela ne changerait certes pas la situation concrète des salles de classe, mais au moins cela exposerait toute l’importance et la primauté que le ministère attribuerait réellement aux enseignants. Malheureusement, la trop courte lettre déjà citée nous rappelle jusque dans son dernier mot en guise de signature ce qu’il en est réellement, avec son « Fidèlement » aussi déplacé qu’inconsistant.

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