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Октябрь
2024

Comment ce petit village de Haute-Loire a réussi à sauver... sa licence IV

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La buvette installée sous la salle des fêtes de Saint-Just-près-Brioude a repris des couleurs ce week-end, à l’image des guirlandes d’ampoules multicolores suspendues à l’intérieur et à l’extérieur… Quelques détails trahissaient une activité un peu inhabituelle : une affichette listait des tarifs de boissons allant du sans alcool au « whisky », en passant par deux spécialités anisées. Une autre appelait à consommer avec modération, en rappelant l’alcoolémie sanctionnant la consommation d’un verre de bière, de vin ou d’une dose d’alcool fort. Et dehors, un pizzaïolo de passage s’affairait devant son four ambulant…À défaut d’avoir pu conserver un bar local, la commune, l’une des plus vastes de Haute-Loire, n’a pas perdu sa volonté de conserver un lieu où débit de boissons et sociabilisation vont de pair.

Une licence à utiliser avant le 12 octobre

À l’appel de la municipalité, des membres du comité d’animation de la commune, épaulés par une personne disposant d’un permis d’exploitation, se sont relayés tout le week-end sur différents créneaux pour permettre à Saint-Just-près-Brioude de conserver sa licence IV (qui permet à un bar ou à un restaurant de vendre des boissons alcoolisées titrant à plus de 18 % d’alcool). « La buvette ne sert pas beaucoup. On a mis un coup de propre, on a fait venir un pizzaïolo et on est parti acheter de quoi faire des planches », détaillait le maire, Jérôme Joussouy, samedi soir. Accoudé au comptoir, il expliquait ces rendez-vous qui ont réussi à attirer jeunes et anciens de différents villages. 

 La licence IV appartenait au bar Le Cigalon. Les derniers gestionnaires l'ont résiliée le 12 octobre 2019. La communauté de communes l’avait rachetée. Puis la commune. Et si on ne l’utilisait pas sur une plage de 48 heures avant le 12 octobre 2024, elle était perdue.

Dans la petite salle, samedi, les habitants se croisaient et échangeaient. « Un bar, c’est un lieu pour discuter, se sociabiliser. On se voit bien chez les uns ou les autres, mais dans un bar, on rencontre d’autres personnes, et d’autres générations », analysait la jeune Charlotte. Jérôme, lui, ne comptait pas manquer cette mobilisation inhabituelle. Comme Charlotte, il a connu l’époque où Le Cigalon était encore ouvert. « Maintenant, on a l’impression que Saint-Just est mort, qu’il n’y a plus personne… »

Deux jeunes du comité d'animation ayant participé à ce week-end de mobilisation. 

Faire vivre le village

Comme beaucoup d’autres, samedi soir, Christine est passée prendre une pizza et en a profité pour boire un verre, discuter avec des connaissances. 

On a connu l’époque où il y avait encore plusieurs commerces. Une même famille faisait restaurant, bar, épicerie, boulangerie… Je trouve que quand on ne les a plus, on ne se rencontre plus. On a besoin de garder des choses qui font vivre une petite commune, des lieux de convivialité. Après, on comprend aussi que pour ouvrir un bar, il faut que ce soit rentable… 

Pour le comité d’animation, la participation à l’organisation de ce week-end est apparue comme une évidence. « On veut faire vivre le village. Dans le comité, il y a un peu tous les âges, de 17 à 70 ans », expliquaient Laurine, secrétaire, et Mireille, membre.

Ce week-end était aussi une occasion de réfléchir à l’avenir, une fois la licence IV conservée. « On avait pour projet de rouvrir un bar, expliquait le maire. Mais le conseil a souhaité faire preuve de prudence. On a reculé. Ce soir, on fait un essai, cela ne nous coûte rien, mais on ne sait pas si c’est un vrai besoin. »

Il y a trois ans, il y a eu une initiative privée pour ouvrir un dépôt de pain. La personne a été très déçue, et moi aussi : la population n’a pas joué le jeu. Il y a besoin que les gens se rencontrent, mais de là à ouvrir un bar… Il faut trouver une solution entre les deux. 

Cette solution, le comité d’animation l’a peut-être trouvée : « On pourrait ouvrir un bar une fois par mois. Cela peut permettre de faire se rencontrer les gens. La commune est tellement vaste que beaucoup ne se connaissent pas… » Et, qui sait, peut-être que l’initiative susciterait des vocations…

 

Pierre Hébrard