Les pièces en verre d'exception de cet artisan de l'Allier se vendent jusqu'en Asie
En quelques années, Matthieu Gicquel a réalisé son rêve : créer des pièces sur mesure, tables, guéridons, centres de table, pour des appartements et maisons d’exception, et ce, aux quatre coins du globe, du Moyen-Orient aux États-Unis et à l’Asie, Inde, Singapour, Chine, sans oublier l’Europe. Des pièces uniques, toutes signées et numérotées.
Villas, lofts de luxeChaque pièce est signée et numérotée. Photo Corentin Garault
« La majeure partie de ma clientèle est aujourd’hui internationale », explique l’artisan verrier, qui est passé en mars 2023 du statut de micro-entreprise à une SARL.
« Grâce aux salons parisiens auxquels je participe, comme le salon Maison et objet, j’ai trouvé une clientèle d’architectes, décorateurs qui sont chargés de rénover des villas, des lofts et viennent trouver au salon des objets rares. C’est grâce à ces salons que j’ai pu réaliser un chiffre d’affaires de 120.000 euros, alors que mon prévisionnel était de 60.000 euros. J’ai toujours aimé l’univers des maisons de luxe ».
Et d'ajouter :
Surtout que je ne viens pas du tout de ce milieu-là. Alors, déposer une table dans un duplex de 400 m² tout à côté des Champs-Elysées, c’est très gratifiant. Ce sont des expériences de dingue ! Ces commandes, je vis ça un peu comme du mécénat, puisque ça permet de faire travailler des artisans comme moi.
Matthieu Gicquel, un artisan du luxe de l'Allier, vit "un rêve éveillé"
Matthieu Gicquel répond aussi à des commandes de particuliers et expose enfin dans des galeries. La prochaine expo est prévue à la galerie Armoiries des Arts à Orgelet, dans le Jura.Le credo du jeune artisan d’art de 28 ans, formé pendant six ans au lycée Jean-Monnet à Yzeure (il est titulaire d’un Diplôme des métiers d’art) : « la simplicité fait œuvre ». Mais derrière ce côté très pur, minimaliste, un travail d’une haute technicité. Difficile de décrire son art, qui paraît donner littéralement vie au verre, ni de lui rendre grâce en photo. C’est en vrai qu’il faut admirer les détails qui se révèlent à la lumière, une bulle légère qui s’élève, un reflet changeant. « Je veux que la matière s’exprime par elle-même ».
Une table monumentaleMatthieu Gicquel a investi dans un four qui lui permet de créer des tables XXL. Photo Corentin Garault
Une de ses dernières réalisations, sa plus grosse pièce à ce jour, le plateau d’une table de dégustation monumentale dessinée par un architecte, pour la maison Champagne Mandois, dans la Marne. « L’espace donne directement sur les caves. Ce projet a repoussé les limites de mon savoir-faire. Il a fallu remédier à des problématiques de cuisson, faire beaucoup d’essais. La table fait 3 mètres sur 1,20 m et pèse plus de 400 kg ».
Matthieu Gicquel, créateur verrier, dans son atelier, rue de Lyon, à Moulins. Photo Corentin Garault Une expérience instructive pour le verrier fondeur qui cherche à s’orienter vers les grandes dimensions. « J’ai déjà changé de four, un investissement de 20.000 euros –, mais celui-ci est en train de devenir trop petit. J’aimerais aussi trouver un atelier plus grand que les 150 m2 dont je dispose rue de Lyon ».
Pour continuer vivre son rêve, il aimerait faire grandir son entreprise (créer, pourquoi pas, pour de grands hôtels), et pouvoir embaucher, lui qui prend des stagiaires de l’École nationale du verre, à Yzeure. Et a choisi de s’installer à Moulins, lui, le Loiretin d’origine, justement pour mettre le pied à l’étrier à des jeunes, mais aussi pour faire vivre la dynamique générée localement autour des métiers d’art.
Matthieu Gicquel, aime créer des pièces très pures, minimalistes. Photo Corentin Garault À Moulins, beaucoup connaissent son nom grâce aux boutiques éphémères qu’il a tenues pour Noël avec d’autres artisans. « C’était une super expérience, on avait des clients fidèles, mais je n’ai plus le temps ».
Site : www.matthieugicquel.comIl est possible de visiter, sur demande, son atelier, rue de Lyon, à Moulins.
Ariane Bouhours