Des élèves du Puy-de-Dôme initiés au cécifoot : "On voit ce que c’est de ne pas voir"
"Il faut bien écouter, se concentrer et c’est plutôt dur ! J’y penserai lorsque je reverrai un aveugle." Comme Wahyatt, élève de CM2, les enfants de l’école primaire du Faubourg, font en ce début d’année, l’expérience de l’handisport. Comment ? Grâce à l’initiative de Jean-Philippe Caietta, professeur de sport intervenant pour la Ville dans les établissements publics, et Christophe Vezon, directeur et enseignant au Faubourg.
La séance adaptée aux enfants"La municipalité nous a permis d’acheter un équipement adapté à la pratique du cécifoot, explique l’enseignant vêtu d’un survêtement aux couleurs de l’USI Rugby. Il se compose de ballons sonores et d'un masque que l’on pose sur les yeux."
Pour celles et ceux qui n’ont pas suivi l’actualité sportive cet été et qui se demandent encore en quoi consiste le cécifoot, l’équipe de France, opposée à l’Argentine en finale des Jeux paralympiques de Paris 2024, a décroché la médaille d’or.Les enfants préparent le terrain de cécifoot.
Ce jour-là, dans le petit gymnase de l’école du Faubourg, les enfants assistent à la deuxième séance de football pour non-voyants. Afin d’éviter les chocs, Jean-Philippe Caietta a imaginé une variante de cet handisport adaptée aux élèves. "Les joueurs sont à genoux, sur des tapis et par équipes de trois sur une zone délimitée." Une règle absolue : faire silence.
"Ça permet de se rendre compte"Les ballons émettent un son dès qu’il roule au sol. Charge alors aux cécifootballeurs de ne pas encaisser de but ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas une mince affaire avec un bandeau occultant sur les yeux."C’est bien de se mettre à la place de quelqu’un d’aveugle, ça permet de se rendre compte", avoue Kayla. Son amie Adèle va plus loin.
"On voit ce que c’est de ne pas voir. Dans la vie de tous les jours, ça doit être compliqué." Voire "angoissant", ajoute Layla. Tandis que Noa remarque, qu’après cette expérience, il pense que "ce doit être difficile sans être guidé".
Tirer des enseignements de cette expérienceLe professeur de sport, Jean-Philippe Caietta, revient sur le score des équipes.Chasubles noires, bleues et vertes continuent de s’affronter au cours de matches silencieux, mais physiques. Les premières gouttes de sueur commencent à perler. Le coach siffle l’arrêt de la partie. Un temps de de pause s’impose.Néanmoins, le cours n’est pas terminé. Après le cécifoot, les jeunes enchaînent avec le volley assis. Autres règles, autres difficultés puisqu’il s’agit ici de ne pas s’appuyer sur ses jambes. Le silence n’étant plus exigé, les enfants s’expriment par des rires et des encouragements. Christophe Vezon observe la scène avec beaucoup de satisfaction.
Vivre ensemble"C’est un groupe avec des enfants au parcours parfois compliqué et là, ils jouent tous ensemble, ils sont dans la coopération. Avec le cécifoot notamment, ils respectent vraiment les règles qui ne sont pas évidentes. Cette initiation s’inscrit dans un ensemble de choses que l’on développe, comme le vivre ensemble. Et les résultats sont prometteurs."
La séance s’achève. D’autres classes vont prendre le relais parce qu’une bonne idée, ça se partage.
David Allignon