Visite de chantier inédite dans le Centre d'art contemporain de Thiers en pleine réhabilitation
Cela n’aura pas échappé aux habitués de la vallée des usines. Depuis plusieurs mois maintenant, le Centre d’art contemporain (CAC), le Creux de l’enfer, est en cours de réhabilitation. Jeudi soir, une poignée de privilégiés ont pu pénétrer dans ce lieu chargé d’histoire pour découvrir l’avancement des travaux."Cela fait tellement plaisir de revenir ici", lâche, sourire aux lèvres, Annie Chevaldonné, élue de l’opposition. "Il y a du monde pour cette visite, renchérit Vincent Petitjean, conseiller municipal délégué au numérique et au télétravail. C’est la preuve que le sujet intéresse."
C’est un euphémisme. Les travaux en cours au sein du CAC sont d’une telle ampleur qu’ils ne peuvent laisser personne indifférent. À commencer par la présidente de l’association du Creux de l’enfer, Martine Dancer.
Je suis ravie de voir ce lieu qui est, en France et dans le monde, emblématique en ce qui concerne l’art contemporain, se transformer. Le Creux de l’enfer recèle tout un passé formidable et je trouve cela super qu’on puisse le restaurer.
Notamment pour entretenir la mémoire. "Je ne suis pas de Thiers, j’habite Saint-Étienne. Mais à chaque fois que je viens, je rencontre quelqu’un qui me partage un souvenir avec le Centre."
Une salle d’exposition créée au sous-solEn déambulant de salle en salle, les visiteurs du jour ont découvert, guidés par les deux architectes associés qui œuvrent sur ce projet d’ampleur, Alexandre Bagros-Murat et Vincent Speller, ce que sera le CAC d’ici quelques mois. Il n’y a pas de changements majeurs par rapport à ce qui avait été annoncé en début d’année 2024. Si ce n’est quelques ajouts comme la création d’une salle d’exposition supplémentaire d’environ 90 m² dans les sous-sols, jusqu’alors jamais exploités.
Avant, c’était une cave, un cul-de-sac. Maintenant, cet espace sera réellement accessible au public. Cela a été un gros travail de créer un escalier et une voûte.
Ce qui a fait changer les architectes de direction, ce sont les murs en pierre. "Il était prévu de tout recouvrir, et lorsqu’on a vu le potentiel, on a proposé d’utiliser l’espace", précise l’architecte.
Livraison au premier trimestre 2025Si initialement le chantier devait se terminer au cours de l’année 2024, ce dernier a pris quelques mois de retard. Mais rien d’alarmant. Stéphane Rodier, le maire de Thiers, s’en réjouit. "Sur un chantier de cette taille, c’est vraiment exceptionnel."5 % de budget supplémentaireTout comme le calendrier, il est parfois difficile de tenir le budget de départ pour ce genre de réhabilitation. À date, le projet accuse 4 % d’augmentation générale sur un coût initial de 2.176.597 €. "À terme on devrait être autour de 5 %, mais avec des prestations en plus", assure Alexandre Bagros-Murat.
Au premier étage, comme au rez-de-chaussée, peu de changements sont à souligner. Si ce n’est que dans la grotte, l’entreprise qui a travaillé sur le plafond a réussi à conserver la verrière existante, alors qu’il était initialement prévu qu’elle soit changée. Cet espace, grâce à ce chantier, va pouvoir pleinement être intégré dans le Centre. "Jusqu’à maintenant, la grotte était considérée comme un espace extérieur, souligne Vincent Speller. Ce ne sera plus le cas et c’est une très bonne chose. Elle sera vraiment intégrée au sens de la visite." À quelques mètres de là se trouve le studio pour les artistes en résidence. "Il va être entièrement refait, précise Alexandre Bagros-Murat. En démolissant, on s’est rendu compte que tout était en très mauvais état."
Ne pas dénaturer le lieuEn poursuivant l’ascension jusqu’au toit terrasse, un arrêt sur la mezzanine offre une vue imprenable sur le premier étage. C’est à cet endroit que sera créé un espace de médiation pour les enfants. En ce qui concerne le toit, c’est en quelque sorte le clou du spectacle dans cette vaste réhabilitation. Il sera rendu aux visiteurs, car devenu inaccessible depuis de nombreuses années à cause de son mauvais état.
Ici, nous allons créer un bâtiment, vitré, chauffé, qui permettra d’accéder soit à l’extérieur, soit à la passerelle qui conduira les visiteurs dans l’usine du May, où sera placée la boutique.
Le bâtiment sera en acier rouillé et le béton restera apparent. "L’idée est de faire quelque chose d’assez brut, comme tout ce qu’il y a autour", assure le jeune architecte.
Tout l’esprit de cette réhabilitation est bien là. L’enjeu pour tous ceux qui œuvrent sur ce chantier est à la fois de rendre ses lettres de noblesse à un lieu créé il y a maintenant 40 ans, qui était auparavant une usine abandonnée, tout en ne dénaturant pas son aspect brut et authentique.
Sarah Douvizy