Ces communes de Creuse misent sur la végétalisation pour favoriser la biodiversité

Faisons pousser des fleurs et des arbres dans nos villages et nos villes, mais pas n’importe comment. C’est ainsi que l’on pourrait résumer l’objet de la journée de sensibilisation des élus et agents municipaux creusois à la végétalisation des espaces publics, qui se tenait à Guéret, ce jeudi 3 octobre.

La rencontre coorganisée par Creuse Tourisme, le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de la Creuse, le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) des pays creusois et le Conservatoire botanique national du Massif central, a réuni une vingtaine de participants majoritairement venus de communes du nord de la Creuse et de l’agglomération du Grand Guéret.

"Villes et villages fleuris" au service des écosystèmes

Le matin, un temps d’échange a eu lieu à Tremplin nature, à Grancher. Les écueils à éviter en matière de végétalisation furent notamment abordés. « La corrélation entre les végétaux et la faune sauvage n’est pas toujours au rendez-vous. Singulièrement lorsque l’on plante des végétaux horticoles ou exotiques qui ne satisfont pas les besoins des insectes pollinisateurs. Il est donc nécessaire de retrouver des palettes végétales plus locales pour répondre aux besoins de la faune », souligne Marin Baudin, paysagiste au CAUE de la Creuse.

Les intervenants ont donc insisté sur la manière dont la végétalisation peut être mise « au service des écosystèmes et de la biodiversité ». Et ce en s’appuyant notamment sur le label “Villes et villages fleuris”. Label qui, comme le souligne Marin Baudin « a énormément évolué depuis une bonne dizaine d’années. Il n’est plus essentiellement dévolu au fleurissement. Il est désormais beaucoup plus centré sur les questions d’environnement et de gestion vertueuse de l’espace public ».

Ce que confirme Évelyne Chaminade, chargée de label pour Villes et villages fleuris, en Nouvelle-Aquitaine :

Le label est un outil de sensibilisation des communes aux enjeux environnementaux. Nous leur expliquons, par exemple, qu’on ne valorise plus le fleurissement hors-sol. Il faut plutôt faire de la pleine terre avec des végétaux adaptés à la biodiversité, ce qui permet aussi de réaliser des économies d’eau. 

Favoriser l'installation de la faune et de la flore "spontanées" 

Par ailleurs, avant les années 2010, les membres du jury de Villes et villages fleuris se rendaient principalement dans les centre-bourgs. Désormais, ils sont davantage attentifs à des espaces plus périphériques où la nature est moins domestiquée. À l’image du plan d’eau de Courtille et de ses abords, où une visite était organisée l'après-midi, dans le cadre de la journée de sensibilisation à la végétalisation.

Frédérique Garcia, responsable du service espaces verts de la Ville de Guéret, a ainsi pu mettre en avant de jeunes plantations d’essences forestières constitutives du paysage creusois (châtaigniers, noyers, acacias…). Tout en présentant des pratiques de gestion dites « écologiques » à l’œuvre sur ce site dévolu aux loisirs et à la promenade.

« Nous n’exportons aucune matière : on ne ramasse jamais la tonte, les feuilles sont conservées, on fait notre broyat que l’on réutilise ici en paillage… Nous essayons de favoriser l’installation de la faune et de la flore “spontanées”, par exemple sur des prairies fauchées seulement une fois par an », informe Frédérique Garcia.

Une approche que partagent aujourd’hui nombre d’élus et de techniciens. Et qu’ils souhaiteraient pousser plus avant. « Notre mairie a engagé un projet de revitalisation du centre-bourg intégrant un volet de revégétalisation des rues. Je suis venu avec une élue pour voir ce qui se fait ailleurs en la matière, témoigne Arthur Lorcerie, paysagiste de la commune d’Évaux-les-Bains. Nous disposons aussi d’un plan d’eau qui a été vidé. Se pose la question de sa remise en eau et de l’aménagement de ses abords ». Et, naturellement, de la place qui doit être accordée à la faune et à la flore locale au sein de cet espace.

François Delotte