Vous croisez peut-être la vice-championne du monde de trottinette free-style à Clermont-Ferrand
Il n’y a guère que ses followers sur Instagram à savoir quel phénomène se cache derrière la sage lycéenne de Jeanne-d’Arc Clermont. Il y a peut-être aussi quelques-uns des enseignants auxquels elle a dû faire parvenir un mot d’absence en septembre pour cause de championnats du monde. Et la famille qui la soutient. Les autres...
Ils croisent simplement une jeune fille en trottinette non électrique, du genre de ceux qui passent des après-midis à tenter des tricks avec application sur les places et dans les skate parks.
Pour Romane Gillet, après la petite trott' d'enfant, les choses ont vraiment commencé avec l’achat, pour ses 12 ans, d’un modèle chez Boulbag-Shop, la boutique où viennent se croiser et rêver les riders clermontois.
Elle trace sa voieRomane Gilliet, c'est d'abord une jolie jeune femme de 16 ans, élève de première générale, naviguant entre les résidences de Clermont et Aubière dans une famille plutôt sportive, handballeuse depuis huit ans (au Handball Clermont Auvergne métropole 63)… qui fait partie de la crème du free-style hexagonal?!
Sa discipline, la trottinette free style en « street » (modules type mobilier urbain) et « park » (rampes et tremplins), est certes encore confidentielle en compétition chez les Françaises, mais l’audace et la qualité de Romane sont bien réelles.
Sur une vidéo, on la voit même délivrer un « flair full heel », une figure que pas une fille ne passe encore, ni en France, ni dans le monde?! Décodé pour le commun des mortels, ce trick consiste à envoyer un salto arrière 180 degrés, tout en plaçant une rotation du repose-pied sur son axe en sens inversé, et en ajoutant une rotation du guidon sans les mains…
Sa méthode« On essaye beaucoup de fois, on répète, et puis un jour ça passe », résume simplement Romane. Travailler ses gammes, échanger avec les autres riders de la métropole, répéter sans jamais prendre de risques démesurés pour sa santé, et finir par délivrer des figures solides et fluides sans faire la maligne, c’est un peu le secret de Romane.
Privée d'entraînements indoorElle n’aura malheureusement pas le loisir de retenter le trick de sitôt puisque la seule vraie salle d’entraînement indoor du département (le skate park Good ride Clermont) n’a pas réussi à imposer son modèle économique, explique-t-elle. « Il y avait un bac à mousse derrière une rampe pour s’entraîner. Et je le faisais sur leur rampe qui avait un matelas amortissant entre le bois et la résine de roulage. Dehors, ce serait trop dangereux ».
Dommage… Romane n’a heureusement pas eu besoin de prendre ce type de risques pour décrocher le titre de championne de France 2023-2024.
Son styleTout est juste toujours si propre que ça en a l’air facile. Quelque chose qui tient à la fois de la bonne occupation de l’espace ridable, du niveau de difficulté des figures avec une facilité pour placer des whip (360 du repose-pieds) et des wheel (tours de guidon en l’air) un peu partout, des réceptions toujours propres, et de la fluidité dans le flow.
On essaye, on répète, et puis un jour ça passe…
En septembre, au pied du Colisée de Rome, dans l’ambiance show du skate park des championnats du monde, elle a réussi à dominer le stress pour placer une dizaine de figures maîtrisées dans un ride de 50 secondes max. Elle a même placé un « best trick » qui aurait pu lui valoir le titre.
« On essaye beaucoup de fois, on répète, et puis un jour ça passe », résume simplement Romane.
Elle a finalement fini vice-championne derrière une Américaine. Cette position la rend néanmoins déjà visible et sponsorisée sur la planète freestyle. Jonathan Perroni, champion du monde depuis 2018, est en effet venu la voir pour lui proposer ses conseils et le sponsoring de sa marque.
À part le baccalauréat, cette année, Romane Gilliet va donc s’attacher à préparer de nouveaux championnats du monde, et un vrai show pour le FISE 2025, que les riders freesyle tiennent pour « le plus grand festival d’action sports au monde ». Classe.
En vidéo. Ses tricks sont visibles sur son compte Instagram
Texte : Anne Bourges Photos : Fred Marquet