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"Le chantier de ma vie" : il reconstruit un château pierre par pierre dans le Cantal

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Pierre après pierre pour remonter, seul, ce que le temps et la nature ont mis à terre. « Ce château, c’est le chantier de ma vie. » L’histoire de Benjamin Brunet renvoie inévitablement à celle de Joseph Ferdinand Cheval, plus connu sous le nom du facteur Cheval qui a, pendant trente-trois ans, caillou après caillou, jour après jour, construit lui-même un palais à l’architecture foutraque dans la Drôme.

Abandonné au début du XXe siècle

En 2017, Benjamin Brunet, tout juste âgé de 34 ans, rachète le château de Saint-Cirgues-de-Malbert. Située au sommet d’un coteau rocheux dominant le village et la vallée de la Doire, la demeure a été construite au XVIIe siècle. 

Composé initialement d’un corps de logis à trois étages flanqué de quatre échauguettes carrés à mâchicoulis, d’une écurie, d’une grange, d’un fournil et son four, d’une cour d’honneur et d’un jardin, le domaine a successivement appartenu à plusieurs grandes familles auvergnates. Mais, abandonné au début du XXe siècle, le château tombe peu à peu en ruine sous une végétation envahissante. Jusqu’à son rachat par Benjamin Brunet.

« Je cherchais un lieu pour m’installer, avec un cadre sauvage, peu peuplé, peu pollué. J’ai envie de liberté et de ne dépendre de personne. Tous les critères étaient là. Et puis voir ce bâtiment petit à petit tomber en ruine, ça a donné un sens à ma vie. »

Selon les constructions de l'époque

Charpentier de métier, passé par les Compagnons du devoir, Benjamin Brunet décide de retaper ce qui devait être une belle et massive demeure ainsi que ses communs dont il ne reste plus rien, seul donc et à l’ancienne selon les techniques de construction de l’époque. Bois, pierre, terre, eau… Le parc de quelques hectares offre de nombreuses ressources naturelles pour rebâtir le château et ses dépendances. Patiemment et vaillamment, il tronçonne les arbres, les débarde avec sa jument, les équarrit à la hache, fait émerger les poutres qu’il va lever lui-même. Déblaie le terrain. Récupère les pierres et les ardoises en lauze. Travaille le fer à la main pour en faire ses clous, le bois pour ses chevilles. Autonome, il l’est également pour son quotidien avec ses ruches, ses moutons, ses volailles, son potager… Benjamin Brunet refuse de recevoir des aides sociales et assume le choix d’une vie très rude. Il occupe aujourd’hui une roulotte plus confortable que la réserve, l’unique pièce habitable du château qu’il a restaurée et où il a vécu au début. « Il y a l’électricité et l’eau courante. »

Une association créée pour rassembler des fonds

Avec sa compagne, il a créé une association pour rassembler des fonds et acheter les matériaux qu’il ne trouve pas sur le domaine, comme la chaux.

« En sept ans, nous avons collecté près de 10.000 €, ce qui nous a permis d’embaucher des maçons professionnels pour sauver les deux cheminées qui menaçaient de s’effondrer. »

Des chantiers participatifs sont également organisés, une fois par an, pendant lesquels Benjamin Brunet reçoit un coup de main bienvenu pour enlever la terre, trier les pierres… En sept ans, les ruines ont déjà retrouvé un nouveau souffle de vie alors qu’elles étaient sur le point de définitivement tomber dans l’oubli. L’allée du château a été redessinée, le fournil et son four ont retrouvé des murs et une toiture. Viendra ensuite le temps de la rénovation des écuries, dont il ne reste que la base des murs, et du château. Des travaux qui se comptent en dizaines d’années. « Je sais où je vais », sourit Benjamin Brunet, avant de retourner à son défi titanesque qui, vu de l’extérieur, ressemble à une vie de labeur et d’outils rudimentaires. « J’ai besoin d’être dehors. J’adore travailler. Et là, je sais que j’en ai pour toute une vie. » 

Le château de Saint-Cirgues-de-Malbert a fait partie des quatre sites auvergnats retenus en 2024 par la Mission patrimoine confiée à Stéphane Bern. Benjamin Brunet, propriétaire des ruines depuis 2017, va bénéficier, à ce titre, d’un soutien financier dans le cadre du Loto du patrimoine déployé par la Fondation du patrimoine et soutenu par le ministère de la Culture. Par manque de financement, il ne peut pas entreprendre les travaux d’ampleur qui s’imposent pour remonter les parties du bâtiment écroulées. Il ne subsiste aujourd’hui que deux étages du logis laissé à l’abandon depuis près d’un siècle. Le toit s’est écroulé dans les années 1950, puis deux cheminées dans les années 2000. « Ce soutien de la Fondation du patrimoine va permettre l’intervention de maçons spécialisés, indispensables afin de poursuivre le chantier », indique Benjamin Brunet. Le montant de la dotation dont bénéficiera le château de Saint-Cirgues-de-Malbert sera annoncé en fin d’année. 

Emmanuel Tremet