Sur ce terrain de Haute-Loire, brebis et légumes cohabitent
Un peu perdu sur la rive droite de l’Allier, - quoique le propriétaire des lieux aurait presque souhaité l’être encore plus - se situe le domaine du Chazelet. Depuis 2016, il est exploité conjointement par Lionel Gironde et Sandy Laurore. "En fait, le domaine appartenait à son père avant, alors Lionel y est depuis bien plus longtemps", précise l’agricultrice.
Le Chazelet a toutefois bien évolué depuis. D’abord, l’exploitation est plus grande, étant passée de 55 à plus d’une soixantaine d’hectares. Mais surtout, une partie de la production a changé, et la rencontre de Lionel Gironde avec Sandy Laurore n’y est pas pour rien. En 2016, elle n’est effectivement pas arrivée les mains vides en Haute-Loire, depuis son Puy-de-Dôme. Dans sa valise, elle a apporté son exploitation de légumes, commencée trois ans auparavant et intitulée les Jardins de l’Aurore.
Un soutien pour l'un et pour l'autreAinsi, depuis une petite dizaine d’années, les brebis, béliers et agneaux de Lionel Gironde ont vu l’apparition de tomates, courges et autres carottes sur ce qui était autrefois leur terrain de jeu exclusif. "Je lui ai cédé deux hectares par gentillesse", rigole l’agriculteur à la barbe fournie, qui n’avait jusque-là jamais travaillé dans un maraîchage.
Les légumes d'automne/hiver sont de sortie au Chazelet, comme ici les choux.
Dans son exploitation, Lionel Gironde élève environ 400 brebis blanches du Massif central (BMC), 10 béliers blancs croisés charolais et plusieurs centaines d’agneaux par an. Toutes ces bêtes ou presque sont destinées à être vendues à un grossiste à Lantriac (Puy-de-Dôme). Il ne fait donc pas de vente directe. "Je n’ai pas l’âme d’un vendeur", sourit le producteur.
Pour les deux agriculteurs, cette situation atypique est donc l’occasion de développer leurs savoir-faire sur un nouveau champ de compétence. Effectivement, ils ont beau travailler essentiellement sur leur production, chacun aide l’autre lorsqu’il en a besoin. "Je vais l’aider pour de la manutention, en portant des agneaux, par exemple, pendant que lui va me fournir du fumier, m’aider avec son tracteur, indique Sandy Laurore. On est aussi un soutien moral l’un pour l’autre."
Agriculteur, c'est le plus beau métier du monde.
Cette double production leur permet également de faire face aux difficultés inhérentes à leur profession, telle que récemment la fièvre catarrhale ovine (voir ci-dessous). "Ça fait entièrement partie de notre travail d’anticiper ces aléas", souligne la productrice de 41 ans qui, pour les mêmes raisons, cultive une quinzaine de légumes par saison "étant donné qu’il n’y a jamais 100 % de réussite pour une seule culture". En ce moment, c’est principalement du navet, du chou ou du poireau.
Où acheter ? Tous les jours, sauf le mercredi, Sandy Laurore sort son camion pour vendre ses légumes. Ils sont disponibles à l’achat aux magasins Talents d’ici à Massiac, Biocoop à Brioude, Coco Bio à Cohade, ainsi qu’à l’Amap de la Veyre le vendredi et au marché de Brioude, le samedi matin. La productrice réalise également des paniers qu’elle distribue le mardi soir. Site internet : lesjardinsdelaurore.fr
Les deux admettent ainsi que l’agriculture est un métier difficile avec plusieurs contraintes, mais pour rien au monde, il ne changerait. « Je n’ai jamais imaginé faire autre chose », reconnaît l’agriculteur de 42 ans. "C’est le plus beau métier du monde", renchérit sa conjointe.
En plus de cultiver ses parcelles, elle se plaît d’ailleurs à parcourir le Brivadois à bord de sa camionnette pour vendre ses récoltes. Outre le marché de Brioude le samedi matin, ses légumes peuvent être trouvés dans les assiettes du restaurant Grain de Sel, à Brioude, ou à la cantine de l’école primaire de Vieille-Brioude.
Face à la fièvre catarrhale ovine
Lionel Gironde, le conjoint de Sandy Laurore, élève des brebis, béliers et agneaux.
Pas de miracle au Chazelet où l’exploitation de Lionel Gironde a été touchée, comme bon nombre d’autres en Haute-Loire et en France, par la fièvre catarrhale ovine (FCO), une maladie virale qui touche les ovins, bovins et caprins.
À la fin du mois d’août, 31 de ses brebis et agneaux ont perdu la vie. « Et peut-être même un peu plus, avant qu’on ne soit au courant de l’existence de ce virus », pense l’agriculteur. Les dommages ne se limitent toutefois pas qu’au décès de certaines bêtes : "Ça a aussi eu des conséquences sur les agnelages. Donc on va le payer dans les prochains mois", indique Lionel Gironde.
Timothé Soulié