Le pont de Pellachal à Neuvic paré pour 100 ans
Pour se rendre à Neuvic par la RD 982 depuis le lieu-dit La Serre, il faudra attendre encore quelques semaines. En travaux depuis la mi-juin, le pont de Pellachal, qui surplombe la Triouzoune, est depuis septembre complètement fermé à la circulation. Et pour cause : son tablier est surélevé d’1,20 m !
Chaque jour, une vingtaine d’ouvriers du génie civil et des travaux publics de quatre entreprises distinctes, sous la maîtrise d’œuvre du service Ingenierie et Travaux du Département de la Corrèze, s’affairent sur l’ouvrage d’art, vieux de 80 ans et long de 180 m.
Des "pathologies" nombreusesUn chantier d'une durée de 6 mois et d’un montant global d’1,2 million d’euros ; le plus gros investissement pour 2024, selon Jean-Marie Taguet, vice-président délégué aux routes, consacré à l’un des 1.000 ponts dont la collectivité à la charge, avant celui de Spontour (1 million d’euros).
Le tablier central soulevé de 1,20 m « comme avec un cric de voiture »Sur le pont de Pellachal, les travaux sont impressionnants et inédits (par la technique qu’ils requièrent tout du moins). Sur cet ouvrage, endommagé par le roulage des véhicules, les gels et dégels successifs et les dessalages indispensables, « les pathologies » étaient nombreuses : enrobé creusé, culées affaissées et, sous la chaussée, des soubassements en piètre état qui fragilisent l’ensemble.Les parapets ont tous été rénovés et renforcés.
En juin, les entreprises ont commencé par raboter la chaussée et reprendre ponctuellement la dalle ; au total, une vingtaine de centimètres de couche roulante et d’enrobé seront changés.
Au cours de l’été, les trottoirs et les parapets du pont ont été repris en béton armé. « Il a fallu reprotéger les aciers pour renforcer l’ensemble », note Thierry Tromas, chef du service Ingenierie et Travaux. Des nacelles mobiles ont permis d’intervenir jusque sous l’ouvrage, sur des coffrages de béton.
Le tablier central surélevéDébut septembre, la troisième phase - la plus impressionnante - a débuté. Les culées, qui retiennent le pont dans le cours d’eau, ont été dégagées sur 2,5 m de haut et quelque 450 m3 de remblais décaissés. Pour les remplacer, des micro-pieux en béton armé sont en train d’être plantés à une dizaine de mètres de profondeur, sorte de pilotis qui « permettent d’obtenir de la stabilité dans un site a priori instable », souligne Pierre Jourde, du service Ingenierie et Travaux.
En parallèle, les trois parties du tablier du pont ont été désolidarisées. La partie centrale a fait l’objet d’un vérinage, soulevée à 1,20 m au-dessus des deux parties extérieures. « Des vérinages, on en fait régulièrement, mais en levant par-dessous, explique Loïc Trouvé, chef de secteur Colas et Génie civil. Là, on lève le tablier d’une soixantaine de tonnes par-dessus, comme avec un cric de voiture, en élevant peu à peu des cales. »
Tout cela, pour aller remplacer les appuis dégradés, grignotés par des infiltrations d’eau, par des appuis néoprène, « des grosses plaques en caoutchouc avec de l’acier intégré, qui servent d’amortisseur et permettent à l’ouvrage de “glisser”. Parce qu’un ouvrage en béton armé, ça vit, ça bouge, ça se rétracte, ça se dilate… », commente Thierry Tromas.Les trottoirs refaits, un nouvel enrobé, renforcé d'une feuille d'étanchéité, sera posé.
Réouverture en décembreDans une dizaine de jours, le tablier central sera dévériné et remis à niveau de ses voisins. L’enrobé sera gratté jusqu’à atteindre la dalle structurelle et « une feuille d’étanchéité sera insérée entre deux couches d’enrobé pour protéger la structure, pose Loïc Trouvé. On pourra saler, ça ne pénétrera plus ! Le but, c’est que le pont soit en forme pendant 100 ans, avec un entretien régulier (*). »
Rouverte en alternat à compter du 15 novembre, la circulation sur le pont de Pellachal devrait être totalement rétablie début décembre (sous réserve d’aléas climatiques).
(*) Tous les ponts gérés par le Département bénéficient d’une visite visuelle annuelle et, tous les 3 ans, d’une visite approfondie.
Travaux de la tranchée couverte à Tulle : la circulation modifiée jusqu'en novembre
Vendredi 4 octobre, des étudiants en bac pro TP et en BTS TP du lycée Caraminot étaient de sortie. Béton, ferraillage, lecture de plan, sécurisation du site… « C’est important de voir sur le terrain ce qu’ils apprennent, apprécie Loïc Trouvé, chef de secteur Colas et Génie civil. C’est l’occasion de les motiver pour leur donner la vocation. »
Blandine Hutin-Mercier