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Октябрь
2024

Vous êtes célibataire ? Vous pourriez trouver l'amour dans ce petit village de Creuse !

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Devant le bar, les visages se jaugent. Pour briser la glace, on évoque le concept de la soirée. « C’est super, parce qu’ici, en Creuse, on a du mal à rencontrer du monde », estime Hélène, rentrée vivre au pays après quelques années à l’étranger. Stéphanie, pétillante quinqua, trouve au contraire qu’il y a plein de soirées festives et culturelles en Creuse. « Mais c’est difficile d’y faire des rencontres amoureuses, car on ne sait pas si les gens sont célibataires. Et puis, il n’y a plus de drague. »Les applications de rencontres ? Michel, à l’air doux et discret, a souffert des arnaqueurs. Ces faux profils féminins qui, après des échanges pleins d’espoir, demandent finalement de l’argent. D’autres se sont faits “ghoster” (ignorer du jour au lendemain après des messages échangés). « Ici au moins, tu ne peux pas tricher », constate Jean-Yves, brun volubile qui semble se rassurer lui-même en assurant qu’« il ne faut pas avoir peur de se prendre un râteau. »

« L’alchimie plutôt que la beauté ou l’attirance »

Évelyne Sorel, la patronne du restaurant À La Bonne tablée à Mortroux, passe entre les convives avec des gâteaux apéritifs puis porte un toast. Tout le monde se tutoie, on se croirait à une pendaison de crémaillère « sauf qu’on ne risque pas de tomber sur un homme marié ! », se réjouit Stéphanie, venue d’Aubusson avec Magali. Perchée sur ses talons, l’élégante Valérie, elle, a fait la route à Mortroux depuis Montluçon avec un copain de 35 ans.Si la majorité a 50-60 ans, les âges sont assez variés, les milieux sociaux aussi. Mais ce soir, elles ne sont que six femmes contre 17 hommes. « Je voudrais organiser des soirées dansantes, pour qu’il y ait plus de femmes », annonce Évelyne, consciente de l’inégalité dans cette soirée 100 % hétéro.

Mais ce n’est pas un speed-dating. « Ces soirées célibataires, c’est aussi pour le plaisir de sortir et de se faire des amis… Là c’est calme, mais après, on ne s’entend plus », prévient la restauratrice, qui a dirigé une agence matrimoniale entre 2007 et 2012 en Normandie.Effectivement, à table, les langues se délient et les rires fusent. L’humour potache sert de carapace à un groupe d’hommes dont la seule présence féminine est Véro, dynamique chauffeuse routière : les codes de la vanne, elle maîtrise. Il y a là François, 72 ans, deux fois marié « après, tu arrêtes le mariage, parce que le divorce, ça coûte cher ! ». À côté, Yvan, Breton de 58 ans au look de marin.

Soirées coup de pouce

Ici, hommes comme femmes ne sont pas nés de la dernière pluie en matière de relations sentimentales. La majorité cherche « l’alchimie plutôt que la beauté ou l’attirance » et des partenaires autonomes, qui ne les étouffent pas… La table à l’arrière est déjà dans le concret : les hommes aux métiers ruraux, comme les agriculteurs, disent chercher une femme « simple ». « Pour moi, ça évoque “simplette” », répond Magali, peu séduite par l’idée. Ils parlent en réalité de femmes en quête de plaisirs simples comme une balade dans la nature ou un petit resto, qui n’a pas des envies de luxe, shopping et grands hôtels. « Mais habitent-elles en Creuse, ces femmes-là ? » sourit Hélène. Stéphanie, elle, cherche un homme sûr de lui, qui lui apporte une stimulation intellectuelle. « Je suis sapiosexuelle » comme on dit aujourd’hui.

Derrière, Hervé, tatoué à l’accent marseillais, aime rouler en bécane et faire de la musique. Le jeune retraité savoure sa récente installation en Creuse : « Je me suis inscrit à la salsa, au crossfit, il y a plein de choses à faire ici. Je ne suis pas inquiet pour rencontrer quelqu’un. » Avec un petit coup de pouce du destin ? La soirée célibataire d’août a déjà rapproché des cœurs et Évelyne rêve d’événements plus conséquents. A la bonne tablée. 43 Grand Rue à Mortroux. Soirées célibataires le dernier vendredi du mois, sur inscription.

Emmanuelle Mayer