En Corrèze, les agents d’un établissement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) expriment leur malaise
Il n’a affecté qu’un seul établissement, mais le mouvement de grève, observé jeudi 3 octobre 2024 à la maison de retraite médicalisée Charles-Gobert, à l’ouest de Brive, semble exprimer le malaise des quelque 45 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de la Corrèze.
À l’appel des syndicats CFTC et CGT, le personnel était appelé à cesser le travail (certains agents ont été assignés pour assurer le fonctionnement du site).
Sur place, les grévistes ont d’ailleurs reçu le soutien de représentants syndicaux venus de Donzenac ou d’établissements de santé de Brive.
C’est une longue liste de revendications qui accompagne le préavis déposé par la CFTC et la CGT, ce qu’une gréviste résume en une expression :
Ras-le-bol ! Le matin, il n’y a que deux agents pour 35 résidents et quelques fois, le soir, c’est un agent pour 35 résidents.
Surcharge de travail, perte de sens, soins dégradés menant à une " maltraitance institutionnalisée", non-remplacement des personnes en cas d’absentéisme, rappel des agents durant leurs repos hebdomadaires… "Aujourd’hui, tout cela est devenu la norme dans les établissements de santé, au sens large", estime ce représentant CFTC.
D’une capacité d'environ 80 lits, l’établissement public de Mansac/Brignac doit prendre en charge des personnes dont le niveau de dépendance a augmenté par rapport à il y a quelques années.
"Les résidents se plaignent. Ils nous voient en coup de vent, alors qu’il faudrait les accompagner beaucoup plus longtemps au lever ou au déjeuner. Ce n’est plus gérable", témoigne cette employée, qui estime avoir le soutien des familles.
Un "contexte difficile" reconnaît la directionDe son côté, la direction temporise, en reconnaissant un "contexte difficile", lié à un été marqué par "beaucoup d’absentéisme. Le recours à l’intérim n’est pas toujours possible, par manque de disponibilité, et on se retrouve sans solution".
Elle met toutefois en avant l’arrivée prochaine d’une nouvelle cadre de santé et la qualité du matériel. "On s’en sort sur le long terme".
Dans les prochaines semaines, des rencontres sont prévues pour tenter d’améliorer l’organisation interne, un pis-aller qui ne satisfait pas les grévistes, par ailleurs inquiets de possibles conséquences de la politique de réduction des dépenses publiques préconisée par le gouvernement. "Ce dont on a besoin, ce sont des bras en plus".
Éric Porte