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Октябрь
2024

Le long chemin de Laurent Vigneron pour parvenir à faire son vin sur les coteaux de Madargue, à Riom

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Dans le chai de Saint-Bonnet-près-Riom, c’est la pleine activité. La machine à embouteiller tourne à plein régime. Laurent Vigneron surveille les opérations avec un œil attentif. Les flacons se remplissent à bon rythme. « La mise en bouteille, c’est l’achèvement du millésime. J’ai fait un élevage très long. Je fais un vin assez puissant et concentré », explique-t-il. Il s’agit seulement du fruit de sa deuxième récolte. Au total, il aura produit 3.100 bouteilles de madargue, le vin du pays de Riom, et 1.700 bouteilles de vin IGP Puy-de-Dôme.

Ce moment est presque solennel. C’est en tout cas un aboutissement. Car depuis qu’il a décroché son BTS viticulture-oenologie en 1999, le parcours de Laurent Vigneron pour parvenir à son installation a été long. Et il n’a pas été en ligne droite.

En 2001, après de premières expériences en coopérative dans le Beaujolais et chez un viticulteur en Provence, il revient dans le Puy-de-Dôme. Il travaille avec son oncle, Bernard Boulin, et poursuit ainsi son apprentissage de l’art de la vinification.

« En 2005, on devait reprendre l’exploitation avec mon cousin. Mais les banques ne nous suivaient pas. Il y avait besoin de gros investissements. À la troisième banque qui a dit “non”, j’ai choisi de ne pas insister plus longtemps. »

C’est donc en salarié, sur l’exploitation de Pierre Goigoux, à Châteaugay, qu’il poursuit sa carrière.

Laurent Vigneron produit du madargue dans ses vignes de Riom et de Saint-Bonnet, mais aussi de l'AOP Puy-de-Dôme

Un accident vient contrarier tous les plans

L’idée de s’installer en son nom ne le quitte pas. « C’est sur les coteaux de Madargue que j’ai été initié, que j’ai appris à apprécier ce vin local et ce cru. Mon oncle avait un véritable savoir-faire. J’ai envie de faire perdurer cette histoire. » Enfin, en 2019, il a l’opportunité de récupérer de la vigne. Il rachète un demi-hectare de gamay sur la zone de l’appellation « madargue » et prend en fermage un autre demi-hectare, celui-ci sur Saint-Bonnet, et donc en IGP Puy-de-Dôme. Si cette surface ne permet pas à un viticulteur de vivre, cela lui suffit pour se lancer. C’est le choix que fait Laurent Vigneron. Il conserve un mi-temps à Châteaugay.

L’aventure est-elle enfin sur les bons rails ? Oui, mais un accident vient contrarier tous les plans. Au premier jour des vendanges 2019, à Châteaugay, il chute d’une échelle et se blesse gravement. Le voilà arrêté pendant plus d’un an, puis contraint à un mi-temps thérapeutique. « Physiquement, je m’use plus vite. Psychologiquement, ça m’a fait réfléchir, aussi. » Il conserve aujourd’hui encore quelques douleurs. Mais l’objectif reste le même.

L’appellation porteuse de madargue

En 2021, il replante 0,5 hectare de gamay en zone madargue, sur le coteau de Chalusset. Cette année, il a poursuivi cet effort sur 0,2 hectare, sur le même coteau. Pour 2024, il a vendangé sur 1,5 hectare. L’an prochain, si tout va bien, il continuera à planter avec, de nouveau, un demi-hectare en madargue et 0,3 hectare en blanc, à Cellule. « Mon objectif est d’arriver à 5 ou 6 hectares. »

Aux côtés de Julien Déat et Benoît Montel, Laurent Vigneron participe donc au nouvel essor de l’appellation madague, dont la zone d’appellation, vaste d’une douzaine d’hectares, se situe exclusivement sur les coteaux au nord de Riom.

Laurent VIGNERON, viticulteur de Saint-Bonnet-près-Riom, cultive une partie de ses vignes en madargue.

Jean-Baptiste Ledys