Pourquoi il faut aller voir Carcasse au théâtre d'Aurillac ?
Travailler sur l’adolescence. La singularité. Le groupe. C’est ce à quoi s’est attelée la compagnie Le bruit des couverts, pendant sa résidence longue au théâtre d’Aurillac. Julien Geskoff, metteur en scène et Sophie Lannefranque, autrice, avaient réalisé une série d'ateliers avec les 4e du collège de La Jordanne, dès 2022. Des interviews complétaient le recueil d’éléments et des confidences fortes ont émergé. Des situations. Des postures. Des réalités aussi.
L’adolescence est l’endroit où les choses bougent sans repères nets. Le corps change follement, fait mal parfois. C’est l’âge des premières jouissances. On quitte l’enfance et on se confronte avec violence au monde
Alors, c’est pour ça que cette période charnière le fascine, Julien Geskoff. « On peut être son propre persécuteur, manger ses émotions, se réfugier dans Beethoven… Les problèmes des parents débordent aussi parfois sur la vie des ados. »Une frénésie que la compagnie a mise en mots, en spectacles. Elle livre ce vendredi 4 octobre sa première représentation. Le projet Carcasse s’est construit ainsi. Au fil des mots des uns et des réalités des autres. « Carcasse, c’est l’histoire d’une famille, c’est le parcours de la mère en lien avec le parcours du fils. » La compagnie explore l’impact d’un élément déclencheur.
Immersion dans l'onde de choc d'un drameL’onde de choc. « Comment un problème se répercute sur le réceptacle qu’est le corps. » L’histoire déroule le quotidien d’un gamin de 4e, populaire, capitaine de l’équipe de rugby du collège et qui soudain, ressent le besoin de se couper de tout contact et d’enfiler une deuxième carcasse - un déguisement de cosmonaute que lui a offert son père - puisque la première - son corps - n’est plus fonctionnelle.
« Quand nous avons créé Carcasse, nous avons senti qu’il manquait quelque chose. » Quelque chose de l’ordre des émotions. De leur gestion. Cinq monologues de quinze minutes sont sortis de terre. « On a joué les sens pour parler du corps. » Ça s’appelle Satellites et ils seront partiellement intégrés dans le spectacle de soir, mais ils sont destinés à être joués en milieu scolaire. « Cela fait écho. Le propos est universel. Parfois même, ça déclenche des choses. Les sens font le lien entre soi et le monde. Parfois, on a besoin de fermer les yeux pour mieux se concentrer sur un autre sens, l’ouïe par exemple. Car la vue parasite tous les autres sens. C’est ce que les Satellites proposent d’expérimenter. » D’ailleurs ces récits déclenchent parfois des prises de paroles, débloquent des mots coincés.
C’est tout l’enjeu de notre propos artistique. Parler à l’adolescent, même s’il est devenu adulte
Si la compagnie stéphanoise achève ici sa résidence, elle n’en a pour autant pas terminé avec Aurillac. Le bruit des couverts jouera Journal d’un corps, d’après l’œuvre de Daniel Pennac, le 1er avril, à Aurillac. « Là encore, il sera question de sens et de parti pris, puisque nous proposons une pièce radiophonique enregistrée dans cinq maisons d’arrêt, dont celle d’Aurillac. » Un projet en cinq volets enregistrés sur quatre ans de médiation au théâtre d’Aurillac.
Anna Modolo
Pratique. Carcasse, vendredi 4 octobre, à 20 h 30, au théâtre. Tarifs : de 5 à 16 € ; Journal d’un corps, mardi 1er avril, à 20 h 30 (gratuit).