À Go Entrepreneurs Lyon, la parole est aux entrepreneurs des quartiers
Le public était en rendez-vous à Go Entrepreneurs Lyon Auvergne-Rhône-Alpes, le 26 septembre dernier. Malgré une pluie battante, nombreux étaient les entrepreneurs, investisseurs, réseaux d'accompagnement et autres acteurs de l'écosystème entrepreneurial français à investir l'enceinte de La Sucrière - ancienne usine de sucre construite dans les années 1930 dans le quartier des docks de Lyon-Confluence, aujourd'hui réaménagée en lieu culturel et événementiel incontournable de l'agglomération lyonnaise. Conférences, ateliers, animations, networking, masterclass : le programme de cette 21e édition de Go Entrepreneurs Lyon était fait sur mesure pour accompagner les entrepreneurs d'aujourd'hui et de demain dans la création et le développement de leurs entreprises. Au milieu de cette effervescence, le Marathon Pitch, déployé par Bpifrance sur la scène 3 de Go Entrepreneurs, a offert l'opportunité à huit porteurs de projets issus ou implantés dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) de venir défendre leurs concepts devant un public comble et attentif. Le principe ? Une minute de pitch, pour deux minutes de questions-réponses. " Les entrepreneurs vont passer leur vie à convaincre, à chercher l'adhésion. On a organisé ce Marathon Pitch pour les familiariser à un exercice qui n'est pas facile ", témoigne Ahmed Bouzouaid, directeur du programme Entrepreneuriat Quartiers 2030 chez Bpifrance.
Marathon Pitch : des projets plus audacieux les uns que les autresCe concours de pitch organisé par Bpifrance a permis de découvrir une poignée de projets innovants portés par des entrepreneurs aux profils variés, débutant sur la scène entrepreneuriale, déjà pliés à l'exercice ou encore tournant une nouvelle page dans leur vie professionnelle. C'est par exemple le cas de Aymane Kissi, 21 ans seulement, venu défendre Line, un projet de drones pour du nettoyage en hauteur (panneaux photovoltaiques, façades, etc.). Malgré un contexte intimidant, ce tout jeune porteur de projet est parvenu courageusement à répondre aux questions d'une assemblée bienveillante et bien consciente des difficultés de l'exercice. " Depuis ma naissance, ma vie a été un combat ", déclare quant à lui Darly Bokassa, qui, en travaillant dans un magasin de piscines pour payer ses études, a eu l'idée de Clematys, une solution d'intelligence artificielle pour aider les propriétaires de piscines à résoudre et anticiper les problèmes d'eau verte dans leurs piscines. " Ma mère m'a appris une chose essentielle : la résilience ", confie-t-il sur la scène 3 de Go Entrepreneurs, précisant avoir déjà ciblé une cinquantaine de clients intéressés et un associé potentiel. " Le bouche-à-oreille commence à se faire." Plus expérimenté, Frédéric Viallet, ayant oeuvré pendant de nombreuses années dans le milieu de la culture et du spectacle dans la région lyonnaise (il fut, entre autres, directeur de la communication du festival Jazz à Vienne), est quant à lui venu présenter son idée de revalorisation de barils de pétrole en objets de mobilier. Un projet faisant la part belle à l'upcycling et à l'éco-responsabilité. " J'ai toujours défendu les industries créatives, et je défends les passerelles entre artistes et industries ", explique-t-il à l'auditoire.
Le public convaincu par Maholi, les poches de froid faites pour soulager les douleurs fémininesAppelé à voter à l'issue du concours pour son candidat favori, le public de Go Entrepreneurs a été tout particulièrement emporté par le pitch d'Adèle Bouscasse. Cette Lyonnaise de 25 ans a ainsi remporté le grand prix du public grâce à sa détermination sans faille et la raison d'être de son projet, Maholi, une solution de poche de froid développée en vue de soulager les douleurs féminines au niveau du périnée (règles, postpartum, ménopause, endométriose, etc.) " Je suis très heureuse de voir que le public se sent concerné par cette cause ", confie-t-elle au micro de Big média. Lauréate French Tech Tremplin " Incubation ", l'entrepreneure s'est rapidement rendue compte des bienfaits du froid dans le traitement de certaines douleurs et a souhaité démocratiser cette solution pour les femmes, plus directement concernées, comme pour les hommes. 100 % fabriquées en France, ces poches de froid baptisées " holis " sont commercialisées depuis un peu plus d'un an, référencées chez Biocoop et ont déjà séduit plusieurs entreprises. " Je pense qu'il faut être vraiment impliqué dans la cause et les valeurs que tu portes, conseille Adèle Bouscasse aux futurs candidats du Marathon Pitch. Il faut faire en sorte que ce soit compréhensible, car tu peux être amené à parler d'un sujet que tout le monde ne connait pas forcément et ce en très peu de temps. " L'entrepreneure lyonnaise prévoit d'ailleurs de déposer un brevet pour protéger son produit.
Adèle Bouscasse, lauréate du grand prix du public du Marathon Pitch (Go Entrepreneurs Lyon, 21e edition) Mayilôr : un grand prix du jury qui fait l'unanimitéLe jury de ce Marathon Pitch spécial " entrepreneurs des quartiers " a de son côté été conquis par le pitch de Dalila Keisler et sa marque de cosmétiques éco-responsables Mayilôr. " Des milliers de tonnes d'emballage cosmétique sont jetés chaque année ", fait remarquer l'entrepreneure de 23 ans basée à Saint-Etienne. Engagée dans la cause écologique, Dalila Keisler a souhaité concevoir une gamme de produits capillaires solides et upcyclés, nécessitant très peu d'eau (moins de 3 %) et rechargeables. La jeune chef d'entreprise souhaitait également développer un produit idéalement conçu pour des cheveux texturés, faisant ainsi le lien aux origines insulaires d'elle et de son conjoint (respectivement originaires de Mayotte et Madagascar), qui se trouve également être son associé. Invitée, dans la foulée du Marathon Pitch, sur la scène principale de Go Entrepreneurs pour parler de son projet et de son parcours, la fondatrice de Mayilôr s'est remémorée les étapes clés qui l'ont conduite à de son entreprise : " En arrivant à Saint-Etienne, je me suis faite accompagnée par un incubateur comme La Ruche, et j'ai identifié ce besoin. " L'entrepreneure se tourne alors vers des acteurs spécialisés dans l'accompagnement comme l'Adie ou Positiv, et crée également son Pass Créa. " L'enjeu c'est que les entrepreneurs soient connectés entre eux ", soutient quant à lui Ahmed Bouzouaid, venu épauler la lauréate du Marathon Pitch sur la main stage de l'événement. " Depuis le départ je me disais qu'il fallait oser, témoigne Dalila Keisler. C'est vrai que ça prend du temps de créer son projet et qu'il faut beaucoup de patience. Mais on n'a rien à perdre à aller voir ces réseaux d'accompagnement et leur parler de notre projet ", déclare-t-elle, comme un conseil subtilement lancé aux entrepreneurs qui ne seraient pas encore aller toquer à la porte de ces acteurs. " Vous avez un rêve ? Osez y aller, même si vous pensez que c'est impossible, conclut-elle. La seule barrière qui est devant vous, c'est vous-mêmes. "
Cet article a été publié initialement sur Big Média À Go Entrepreneurs Lyon, la parole est aux entrepreneurs des quartiers