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Октябрь
2024

Comment l’Inrae du Puy-de-Dôme travaille sur la sélection des variétés aptes à s’adapter au changement climatique

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L’un des premiers problèmes majeurs auxquels fait face l’agriculture, c’est le changement climatique et les bouleversements qu’il engendre, avec un cycle météo extrêmement différent de ce qui était connu dans les décennies précédentes. L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) mène donc des travaux afin d’apporter « sa pierre pour construire une réponse ou un élément de réponse », explique Emmanuel Hugo, président du centre Inrae Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes. 

Le climat de Madrid

« Le changement climatique, ce n’est pas une question, c’est une réalité. On dit qu’à horizon 2050 le climat de Clermont-Ferrand, c’est celui de Madrid aujourd’hui. Ça dit clairement ce qui se sera produit en région de manière générale », enchaîne Jérôme Salse, directeur d’unité génétique, diversité et écophysiologie des céréales à Clermont-Ferrand.

Ces changements se voient déjà sur les cultures. Quelles solutions peuvent apporter les chercheurs ? Déjà, il faut tenter de savoir sur quelle contrainte liée au changement climatique ils doivent travailler : la température, l’eau… Des scénarios climatiques leur permettent de faire des simulations et de se projeter dans les environnements pédoclimatiques sur lesquels ils vont essayer de développer les cultures et variétés de demain.

« On doit imaginer de nouvelles façons de produire et des façons de produire durables, poursuit Jérôme Salse. C’est-à-dire qu’on veut réduire l’utilisation des insecticides, des pesticides, être plus respectueux de l’environnement. »

Variétés

En matière de grandes cultures, le premier levier est de développer des variétés, autrement dit la sélection génétique : « Est-ce qu’on est capable de croiser des variétés entre elles aujourd’hui pour imaginer celles de demain qui seront résilientes, robustes, adaptées à ces nouveaux environnements ? », interroge le directeur.

Le deuxième levier : développer des solutions hybrides en associant des variétés à l’échelle de la parcelle, en associant des espèces.

La spécialité de cette unité génétique, diversité et écophysiologie est l’amélioration des plantes et l’écophysiologie, c’est-à-dire essayer de mieux comprendre la plante, que ce soit au niveau individuel ou d’une parcelle. Ce travail est principalement centré sur une espèce de grande culture, le blé tendre, « très importante au niveau mondial, mais aussi français », note Jacques Le Gouis. Un sujet d’autant plus d’actualité en cette année où la récolte est très en dessous des moyennes précédentes.

Trois enjeux

« Pour nous, il y a trois enjeux importants : le changement climatique, la diminution des intrants (ou transition agroécologique) et la qualité du produit, puisque le blé tendre est principalement utilisé, après transformation, pour l’alimentation humaine ou animale. »

Le travail touche par conséquent principalement l’aspect variétal, sachant qu’il faut une dizaine d’années pour créer une nouvelle variété de blé. L’Inrae a beaucoup travaillé sur la résistance aux maladies afin de disposer de variétés très résistantes, tout en étant aussi le premier à inscrire des variétés adaptées à l’agriculture biologique. Des tests en conditions contrôlées ou semi-contrôlées sont menés. Une autre piste d’étude est d’établir s’il ne faudra pas, peut-être, aller chercher des caractères dans les espèces apparentées sauvages et qui pourraient apporter des sources de caractère intéressant pour la tolérance au changement climatique du blé, de la betterave, du colza…

Un projet vient de commencer sur la qualité boulangère dans le cas de fortes températures. « Il s’agit d’essayer de comprendre leur impact durant la formation du grain sur la qualité boulangère », développe Jacques Le Gouis. Et ces projets portant sur les cultures relèvent du même enjeu auquel est confronté l’élevage, puisque les races aussi vont devoir s’adapter au changement climatique.

Gaëlle Chazal