Pourquoi l'Agglo de Moulins veut-elle se doter d'un nouvel outil pour conduire sa politique touristique ?
Moulins Communauté veut donner un nouveau souffle à sa politique touristique, en se dotant d’un nouvel outil, avec une structure juridique différente d’une association. Jeudi dernier, en conseil communautaire, les élus de Moulins Communauté devaient délibérer sur le lancement de travaux préparatoires à la création d’une éventuelle Société publique locale tourisme. « Nous n’avons mené que des études préparatoires », a précisé Michel Barbarin, le vice-président délégué au tourisme.
Pourquoi changer de statutPourquoi avoir engagé cette réflexion ? "Les choses changent beaucoup dans le domaine touristique. Les nouveaux touristes sont différents. Ils ont déjà regardé sur internet, et savent beaucoup de choses, quand ils arrivent sur une destination".
Et d'ajouter :
"Des offices de tourisme avec une grande salle pleine de papiers, un comptoir au fond et une personne derrière qui attend tranquillement qu’on traverse toute la salle pour venir lui poser des questions, c’est fini. Les grandes stations l’ont déjà compris. Ça a été efficace pendant des années, mais ça change, un peu partout en France".
Diversifier les profils des visiteursMoulins Co entend renouveler l’image du territoire, augmenter sa notoriété en travaillant sur le positionnement de sa destination. Car aujourd’hui les destinations cherchent à davantage différencier leurs offres. « On veut réfléchir à un nouvel outil répondant à nos ambitions, qui sont d’accroître le nombre de visiteurs, la durée de leur séjour aussi. Un visiteur qui vient au CNCS, si on ne lui propose rien d’autre, dans les deux heures, il est reparti. Il faut pouvoir le conseiller sur plus de choses. Par ailleurs, quels sont les profils qu’on cherche à capter ? Les familles, mais pas que. Il faut aller chercher de nouveaux touristes, les fanatiques d’Histoire, les passionnés de randonnée ».L’accueil doit aussi être revu : « On n’est plus là pour donner des infos, mais pour aller chercher la clientèle, la fidéliser, dans une logique de développement commercial. Et il faudra qu’on engage des changements profonds dans l’état d’esprit des équipes. Il faut par ailleurs soutenir nos acteurs du tourisme, qui sont en contact avec les touristes, comme les restaurateurs, les hôteliers. Il faut les appuyer et collaborer plus étroitement avec eux. Dernier point, il faut mobiliser les habitants, leur montrer à quel point notre région est attractive, qu’ils en soient fiers, qu’ils soient aussi porteurs du message qu’on souhaite porter sur l’image de notre territoire communautaire ».Pour l’élu,
Le système associatif atteint ses limites, il faut chercher une autre forme d’organisation, plus souple, plus commerciale, et aussi capable de nouer des partenariats d’une façon simple. D’où l’idée d’un modèle plus réactif et compétitif, pouvant gérer des activités diverses. On a fait des recherches préliminaires, et on irait vers la SPL, une société publique locale. Les grands sites touristiques sont tous en train d’y passer. Mais cela demande davantage de recherches.
Les avantages d’une SPL, pour la majorité...La SPL, constituée d’un capital 100 % public et local, évolutive dans ses missions et son capital, en laissant la possibilité d’intégrer de nouveaux partenaires publics ; permettrait « de contractualiser avec ses actionnaires dans une situation de quasi régie, c’est-à-dire sans mise en concurrence préalable permettant une réactivité plus grande ; permettrait des économies d’échelle grâce à une mutualisation des moyens des matériels et des personnels pour les services et missions assurés pour le compte de ses actionnaires ; garantirait un pilotage renforcé par les collectivités, grâce à la mise en place d’un contrôle étroit ».François Larrière-Seys, élu de la gauche démocrate et écologie, s’est étonné : « Le fléchage SPL me paraît précipité, avant qu’on ait cette réflexion. En tout cas, il faut donner à l’office un statut qui lui permette d’évoluer vers de meilleurs résultats ».
... Mais des questionsMême observation de Stefan Lunte, élu d’opposition de droite : « Pourquoi le cadre actuel n’est-il plus adapté ? Un cabinet de conseil est-il prévu ? » Il a regretté le système associatif, qui permettait à « chaque acteur du tourisme d’avoir son mot à dire. Avec le nouveau système, ils ne pourront plus ». L’opposition de droite de Moulins s’est donc abstenue.
Michel Barbarin a répondu partiellement : « L’un des avantages de la SPL par rapport à l’association, c’est la facilité comptable qu’elle nous apporte, des comptes administratifs moins complexes. Bien sûr, on se fera accompagner. On va faire appel à un cabinet, mais on s’appuiera aussi sur des offices de tourisme de grandes zones touristiques qui ont déjà changé de statut ».
Ariane Bouhours