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Октябрь
2024

Une vraie culture du manga français

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Bien sûr qu’il a feuilleté les albums de Tintin et d’Astérix. Les histoires de Spirou lui sont vite apparues un peu mièvres. Trop bisounours ! « Mais les mangas, ça bougeait, ça pulsait. C’était sur vitaminé. » Toute l’énergie du petit môme d’alors se retrouvait dans ces dessins venus d’ailleurs.

Il les dévore, les décortique et rêve déjà d’en faire naître sous son crayon. Une enfance à gribouiller quoi. Seul devant la page blanche. C’est toujours en solitaire qu’il va avancer dans la technique, progresser.

Autodidacte

« Je n’ai pas pris de cours, suivi de formation. Je me suis inscrit sur des forums internet et échangé avec d’autres passionnés. Fais et refais mes esquisses, usé des gommes. À part les murs, j’ai dessiné partout. Et à un moment, j’ai senti que j’étais arrivé à une certaine maîtrise. » Autodidacte, c’est comme cela que l’on dit, non !

Mais pour en faire quoi ? « Et bien pour dire aux parents qu’on laisse tomber les études pour devenir mangaka. » S’ensuivent des petits boulots alimentaires et de longues parenthèses à esquisser un premier projet. Une ambiance policière en trois tomes, Sweet Konkrete qu’il soumet à deux éditeurs. « Bingo, ça marche du premier coup. On est en 2022, j’ai mon premier livre entre les mains. Je l’ai respiré. Odeur de papier et d’encre. Un sentiment de fierté. » La série va être éditée dans trois autres pays, Allemagne, Italie et Serbie.

« Les enfants aiment dessiner des mangas ». Mais déjà, Senshiro phosphore sur un autre projet. Sur un autre style aussi. « Moins policier, plus romance. J’ai envie de travailler sur mes personnages, de les étoffer. Ça répond aussi à une attente des lecteurs. » De fait entre salons, dédicace, l’auteur prend le pouls de ce public de lecteurs gourmet de mangas.

« Ce dernier s’est éloigné des racines japonaises, de la culture du Pays du soleil levant. Perso, je ne suis jamais allé là-bas. » On peut désormais inscrire une histoire de manga dans un environnement corrézien.

Il a abandonné la mine graphite pour la tablette numérique

Autre nouveauté, Senchiro a abandonné la mine graphite pour la tablette numérique. « Le coup de crayon est identique mais on peut refaire à l’infini. » Idéal donc pour la nouvelle série sur laquelle il travaille, Running to your hearth .

En attendant, Senchiro poursuit sa résidence à la médiathèque ponctuée de plusieurs animations. Une rencontre littéraire et une exposition à la médiathèque, un atelier dessin, des médiations dans plusieurs écoles et pour finir une restitution de son séjour à Vichy. Il se dit surpris « non pas pour l’engouement des tout jeunes pour le manga mais par leur capacité à prendre le crayon et à s’exprimer sur la page blanche. » Comme si le manga avait libéré la main.