Un projet d’agrivoltaïsme porté par la Foncière rurale à Viam est contesté par un collectif
En Corrèze, on n’en est pas encore à prendre l’apéro ensemble autour des panneaux photovoltaïques. Un collectif d’une dizaine de personnes (voisins et habitants du village) s’oppose à une décision de la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) (*) de la Corrèze qui a attribué un terrain agricole, situé à Viam, à la Foncière rurale. La Foncière rurale dont le projet consiste en l’installation de panneaux photovoltaïque au sol : « Non, pas au sol », se récrie Tony Cornelissen, l’ancien président de la Chambre d’agriculture et créateur de la Foncière rurale, « pas des panneaux au sol mais en agrivoltaïsme, c’est-à-dire que sous les panneaux, il y aura toujours une activité agricole, une production nourricière ». Il n’empêche ! Le Collectif de défense de la Buffatière, (le lieu-dit où se situent ces terres agricoles) accuse la Foncière rurale de préparer « un projet industriel de centrale photovoltaïque » et la Safer de ne pas travailler à ses missions « pour le maintien et la consolidation des exploitations agricoles ».
« C’est un peu une agression »À l’inverse, Tony Cornelissen affirme que la Foncière « est tenue d’installer un agriculteur sur ces terres attribuées par la Safer, que le projet vise précisément à soutenir les agriculteurs pour un complément de salaire… »Mais Valérie Pigerol, la représentante du collectif affirme « ne pas y croire du tout ». Elle qui est aussi voisine de la Buffatière considère « comme une agression, d’apprendre que l’on va être enclavé au milieu des panneaux photovoltaïques ». Même si elle reconnaît aussi qu’à titre personnel, elle ne verra pas ces panneaux. « Mais je ne sais pas s’il y en aura un, deux ou 40 hectares. »Le collectif (soutenu par les deux syndicats Modef et Confédération paysanne) dénonce aussi le choix de la Foncière rurale au détriment d’une autre candidature, celle d’une agricultrice de Haute-Vienne, Marie Broutin.Les responsables de la Foncière rurale disent avoir contacté cette agricultrice, dont la candidature a été retoquée, pour lui proposer de l’installer sur ces 47 hectares de la Buffatière.
Déficit de concertation« C’est faux, je n’ai jamais été contactée par la Foncière », affirme aujourd’hui Marie Broutin qui, par ailleurs, estime que la Safer a favorisé injustement la Foncière rurale.Le collectif d’opposants s’appuie encore sur des délibérations d’élus, celle de la mairie de Viam et celle du conseil communautaire de Vézère Monédières Millesources, « contre l’installation de panneaux photovoltaïques sur les terrains agricoles ». (Voir ci-dessous). Toutefois, ces délibérations ne devraient pas avoir force de loi face aux futures décisions du préfet pour faire appliquer la loi Aper d’avril 2023. Une loi qui oblige à une « accélération significative » dans le développement de l’énergie solaire. Résultat, les projets d’installation photovoltaïque naissent un peu partout.
Arnaud Besnard
Le PNR réfléchit et donnera un avis. Sur le périmètre du PNR Millevaches, les élus de Viam et de l’intercommunalité V2M ont pris des délibérations contre l’installation de panneaux photovoltaïques au sol. Mais la différence entre panneaux au sol et panneaux d’agrivoltaïsme est-elle clarifiée dans ces délibérations ? « Nous avons de plus en plus d’élus qui s’interrogent et qui nous questionnent sur l’agriphotovoltaïsme, indique Manon Campenet, chargée de mission Energie/climat au sein du PNR, et c’est normal car c’est lié à des questions sur le foncier agricole, sur les paysages, la biodiversité… ». Le PNR s’est donc penché sur ce dossier de l’agrivoltaïsme et, selon Manon Campenet, pourrait rendre public prochainement un avis « sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas ». Un avis qui prendrait en compte une dizaine de critères étudiés