Venez vivre en live la pop surclassée de Juniore le 9 octobre à la Coopérative de mai à Clermont
Vous l’ignorez peut- être (ou peut- être pas), mais vous avez souvent écouté Juniore. En toute discrétion, Juniore a traversé les ondes de nos radios, les bandes originales de nos films, de nos séries, nos publicités, etc. 3, 2, 1, dernier opus en date – tellement bien écrit sur des mélodies aux accents d’hier, plutôt 60 – est le support d’une tournée qui passe par Clermont-Ferrand (Coopérative de mai) et qu’Ana Jean (fille de l’écrivain J.M.G. Le Clézio), la voix du trio, évoque ici.
3, 2, 1, votre nouvel et quatrième opus vient de sortir, et… ? Pour l’instant, les gens sont vachement gentils. Le fait de faire de la musique depuis dix ans est un truc qui joue, je pense. D’un côté, tu te dis OK c’est un peu la loose, ils n’ont jamais percé et en même temps, comme on est là de puis longtemps, il y a quelque chose de respectable en gros (sourire). Genre OK, vous faites ça alors.
... La France est moins attachée aux années 60/70 dans la culture musicale alors que c’est un truc hyper-prégnant en Angleterre. En France, les années 80 ou 90 ont balayé un peu tout ça. Les Michel Berger et Jean -Jacques Goldman ont pris beaucoup de place dans la culture populaire et, finalement, les chansons de Gainsbourg par exemple sont entrées dans un autre registre, ce qui est à mon sens un peu dommage. Après tout, ce n’est qu’une question de temps je pense…
Juniore a dix ans, toute petite vieillesse. J’ai pensé, au tout début, Juniore c’est un super nom car un jour nous serons vieilles (rires) et ce sera hyper-bien de s’appeler Juniore !
Dix ans, j’y reviens, la Ana du premier 45 tours, tu lui parles, tu lui dis quoi ? Je salue un peu l’audace d' avoir essayé. Nous n’avons pas été au hit-parade mais nous avons fait des trucs géniaux, comme fabriquer des disques, rencontrer des gens, voyager. C’est sans le moindre regret. Quand tu es plus jeune, tu projettes le succès comme quelque chose d’un peu obligatoire ne serait-ce que pour continuer, mais comme nous avons tous gardé des boulots à côté, nous avons aussi gardé la liberté de se dire on fait un peu comme on veut. J’espère que les dix années prochaines seront aussi géniales.
Mais il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement si l’on se réfère à votre mode de fonctionnement… Oui c ’est vrai, je m’en rends compte en le disant (rires). Et puis les gens qui nous écoutent vieillissent avec nous aussi.
Quelle était l’intention initiale de ce 3, 2, 1 ? Album miroir ? C’est ça. Un album miroir. Nous étions déçus que le précédent, 1, 2, 3 n’ait pas pu exister à cause du Covid, donc c’était une façon de raccrocher les wagons. Musicalement, on s’est dit qu’il fallait ne pas être dans la redite d’autant que je suis tentée, parfois, de retourner vers certains trucs que j’adore – souvent des mid-tempos un peu nostalgiques (sourire) – mais je veux proposer aussi à chaque fois des micro-histoires, comme la BO de nos vies imaginaires…
En tout cas, c’est super-réussi. On a envie de danser, de le vivre en live… Et de savoir d’où viennent ces compos, ces petites histoires… ? Nick Cave a fait un site sur lequel il répond à des questions posées par des gens lambda. Une dame lui demande si les chansons viennent de Dieu… Il explique qu’il a un très bon copain, Chris Martin (Coldplay) qui lui, lorsqu’il a besoin d’une chanson, lance un appel à l’univers et Dieu lui répond… Nick Cave lui, précise : « Moi pas du tout, je suis obligé de réfléchir, de me plonger dans les bas-fonds de ma propre humanité pour peut-être sortir quelque chose », j’ai trouvé ça très marrant… Je me retrouve plus dans cette façon de faire (sourire). J’aime l’idée de ne pas écrire trop lourd alors même que ce serait un peu une tendance chez moi (sourire). C’est pour ça que je me gonfle de l’énergie des années 60 qui fait ressortir des choses graves et légères. Après… Les chansons ont toutes pour origine une histoire, parfois très banale.
Julien Dodon