Rixe dans la cour de la prison de Montluçon : deux détenus condamnés
Deux Lillois de 20 et 21 ans, incarcérés depuis plusieurs mois, étaient jugés, ce mercredi 2 octobre, en comparution immédiate pour des violences sur un codétenu.
À l'audience, le tribunal de Montluçon diffuse les images de vidéosurveillance captées le 27 septembre, dans la cour de la maison d’arrêt de la commune, pendant la promenade du matin.
Un groupe et des coups portésLes magistrats et les deux prévenus observent la scène : un détenu (la victime) se dirige avec un autre dans un coin de la cour. Un groupe de plusieurs personnes, dont font partie les deux mis en cause, décide de les suivre. Et rapidement, la victime reçoit des coups lui valant un jour d’ITT (Incapacité totale de travail).
Le plus jeune des deux prévenus constate : « Il y en avait d’autres dans le groupe. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a que nous deux ici aujourd’hui ». Avant d’ajouter : « Je n’ai pas causé ces blessures. Si on me voit lever le bras dans la vidéo, c’est pour séparer ».
« Il y a eu un attroupement, un litige, on ne saura jamais vraiment pourquoi. Mais la vidéo est de mauvaise qualité, on n’a aucune certitude sur qui a donné les coups. »
Le second prévenu donne également sa version : « Ça s’est bousculé. J’ai vu des coups mais ce n’est pas moi. Il [la victime] m’a tenu le bras comme s’il voulait me frapper. J’ai essayé de me défaire plusieurs fois. Je l’ai poussé. Et peut-être que, sans le faire exprès, j’ai mis une gifle. Mais c’est l’instinct de survie. Je m’en excuse ».
Son avocate, Me Pineau, plaide ainsi : « Il y avait un groupe de six ou sept personnes, il y avait bien plus que ces deux-là. On ne peut pas attribuer un coup à quelqu’un ».
Une altercation en lien avec des stupéfiants ?La présidente du tribunal interroge : « Pourquoi vous les suivez dans ce coin situé pile dans l’angle mort d’une caméra ? » « J’avais oublié de demander une cigarette », soutient le plus âgé.
La procureure questionne également : « Quels sont les motifs de cette altercation ? » Les deux prévenus, incarcérés pour trafic de stupéfiants, évoquent des insultes. La cible des coups explique, elle, avoir refusé de faire entrer de la drogue lors d’un parloir.
Mais, en visio depuis la maison d’arrêt, la victime, qui avait dès le départ assuré que les deux prévenus l’avaient frappé (il avait également désigné un troisième finalement mis hors de cause), ne confirme plus rien. « J’ai reçu des coups, mais je n’en suis pas mort », lance-t-il.
Pour la procureure de la République, en revanche, nul doute. De quoi requérir des peines de prison ferme avec mandat de dépôt : six mois pour le plus âgé, huit mois pour le plus jeune. Des réquisitions suivies par le tribunal.
La procureure demandait également une interdiction de détenir ou porter une arme pendant cinq ans. Une peine qui ne sera pas prononcée par le tribunal.
Laura Morel