L’immersion facilitée dans le Puy-de-Dôme : un stage en entreprise gagnant-gagnant
L’immersion en entreprise, c’est entre le « Je teste ma boîte » pour le demandeur d’emploi et le « J’essaie mon futur salarié » pour l’entreprise. France Travail met le paquet sur ce dispositif gagnant-gagnant « car c’est une voie d’insertion professionnelle qui fonctionne », assure Marie-Mélodie Hoarau, responsable d’équipe à l’agence France Travail Clermont Jouhaux, à Clermont-Ferrand. Ce jour-là, l’agence est animée comme une ruche.
75 candidatsUne soixantaine de demandeurs d’emploi venus rencontrer les entreprises qui recrutent sur des métiers en tension de l’industrie (lire ci-dessous) côtoient 75 jeunes chercheurs d’emploi, candidats à l’immersion en entreprise. Dans la grande salle, organisée façon forum pour ce stage dating, onze recruteurs prennent les CV et discutent (*).
« C’est le principe », sourient Céline Malski-Vernier et Pierre Prugnard, directeurs associés chez Era Immobilier. Ils ont déjà mis de côté quatre CV. « Nous avons deux postes à pourvoir. Nous recrutons sur le savoir-être et la motivation, donc le contact prime, pas les diplômes ».
Ils auront ensuite une ou deux semaines pour « essayer » le candidat sur le terrain, en binôme. « Nous avons déjà recruté deux fois à l’issue d’une immersion », explique Pierre Prugnard.
Céline Malski-Vernier et Pierre Prugnard, directeurs associés chez Era Immobilier.
« C’est la proximité des candidats qui nous a poussés à venir ici rencontrer des jeunes du quartier, car nous avons une agence à Clermont nord ».
Ils sont d’autant plus détendus que le candidat, non rémunéré, ne leur coûte rien pendant le stage. Et qu’il n’y a pas non plus d’obligation d’embauche à l’issue de l’immersion si le candidat ne correspond pas.
1.637 immersionsSi le candidat ne souhaite pas rester, c’est aussi tout bénéfice, car il reste demandeur d’emploi durant l’immersion, donc l’entreprise n’a pas à rédiger de contrats de travail.Quoi qu’il arrive, cela reste une expérience pour le demandeur d’emploi qui peut préciser son projet professionnel et rester en contact avec le monde de l’entreprise. De plus, 70 % des personnes qui ont effectué une immersion en entreprise retournent dans l’emploi dans le mois qui suit. A fin aout, 1.637 immersions professionnelles ont été réalisées depuis le début de l’année.
(*) Ce stage dating était organisé en partenariat avec Cap emploi, la mission locale, l’E2C dans le cadre du mois de l’immersion professionnelle. Parmi les entreprises présentes : Auchan, Start People, ADREC, Euromaster, Era immobilier, Babymoov Group, Les Ptitous officiel, Histoire d’Or…
Les entreprises qui souhaitent proposer des immersions peuvent s’inscrire sur la plateforme immersion-facile.beta.gouv.fr où les candidats peuvent aussi directement postuler et remplir leur convention.
Le jeune homme pose un regard un peu affolé sur Valérie Paulnier. Nous sommes dans le hall bondé de l’agence France Travail de Clermont-Jouaux. Il est 14 heures. Le stage dating va commencer. Il a 20 ans, tout timide.
« Je reviens vous voir. Allez-y, présentez-vous aux entreprises comme nous l’avons préparé ».
Valérie Paulnier est conseillère à Cap Emploi, la branche de France Travail qui accompagne les demandeurs d’emploi en situation de handicap.Le jeune homme est appareillé au niveau des oreilles.
« Il cherche une alternance pour poursuivre ses études. Il a un bac AGORA (Assistance à la gestion des organisations et de leurs activités) et il souhaite être assistant comptable. L’immersion en entreprise est un dispositif d’insertion professionnelle très adapté. Il permet à la personne en situation de handicap de valider son projet professionnel, de constater quels sont les besoins d’aménagement du poste… Et, même sans être recruté, il se sera exercé à se présenter et à parler de son parcours, cela rassure aussi les employeurs ».
Parmi les onze entreprises présentes, deux sont handi-accueillantes, Adis services et Babymoov.
« Les autres n’y sont pas opposées, mais restent à convaincre ». C’est aussi l’un des avantages de l’immersion en entreprise.
Cécile Bergougnoux