Dans ce petit village de Creuse, une secrétaire de mairie harcèle la maire... qui est aussi son amie de toujours
Une frontière bien trop mince entre l’amitié et la relation professionnelle. Les deux femmes se connaissent depuis de nombreuses années. L’une est secrétaire d’une mairie d’une petite commune à proximité d’Aubusson, l’autre en est devenue la maire en 2020. Les deux se font confiance depuis toujours et ne pourraient envisager de se faire un reproche. Pourtant, à partir de décembre 2023, la secrétaire de mairie se sent abandonnée face à une surcharge de travail. « Je ne pensais pas que je pouvais être un boulet pour la mairie, raconte-t-elle au tribunal en pleurs. J’ai senti une conspiration contre moi. »
Un complot selon les dires de la secrétaire de 64 ans qui aurait débuté lorsqu’on lui aurait reproché un problème de signature sur un document. « Un fait purement anodin qui aurait pu se régler sur le droit du travail », a tenu à souligner le ministère public.
Mais l’affaire n’en reste pas là. Se sentant abandonnée par son amie de toujours, chez qui elle avait l’habitude d’aller très régulièrement, l’employée de mairie commence à lui envoyer des SMS quotidiennement. Puis le 19 janvier 2024, elle interrompt une réunion de l’édile, faisant un esclandre. « J’ai eu la peur de ma vie », se souvient la maire. Puis s’ensuivit un harcèlement moral de plusieurs mois qui a poussé l’édile à porter plainte et aux deux amies à se retrouver devant le tribunal.
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224 SMS et appels envoyésEn effet, entre le 15 décembre 2023 et le 26 avril 2024, la secrétaire de cette petite commune creusoise a envoyé 224 SMS et appels à son employeur. « Soit cinq appels ou sms par jour », a signalé la présidente du tribunal. Un harcèlement que la prévenue reconnaît mais dont elle a du mal à comprendre les conséquences pénales. « Je cherchais des réponses concernant mon avenir professionnel. » Une quête de réponses qui la pousse même à s’introduire illégalement au domicile de son ancienne amie. « Mais l’amitié n’autorise pas tous les comportements », a plaidé l’avocate de la maire. Un argument que la procureur a également mis en évidence faisant mention d’un « contexte particulier car il y a une double relation ». « C’est vrai que cette relation amicale a parasité mon rôle de maire », a convenu la victime.
La secrétaire de mairie a été condamnée à quatre mois d’emprisonnement en sursis simple, à l’interdiction de rentrer en contact avec la victime pendant trois ans et de se rendre à son domicile pour la même durée. Elle a également été condamnée à une peine d’inéligibilité de trois ans et devra verser 3.000 euros à son ancienne amie pour le préjudice moral.
Vincent Faure