"La Haute-Loire, c’est mes tropiques à moi" : la médaillée olympique Johanne Defay se confie sur cette aventure et son attachement à son département
Près d’un mois et demi après avoir dompté la vague de Teahupo’o et décroché le bronze, Johanne Defay est encore euphorique. La première médaillée olympique de l’histoire de la Haute-Loire est revenue passer trois jours dans le département, la semaine passée.Johanne Defay savoure toujours les moments passés avec ses proches en Haute-Loire. Photo Christophe Coffy À l’occasion de ce passage dans sa région natale, quelques minutes après avoir répondu aux questions des écoliers de Saint-Régis au Puy, la surfeuse a pris le temps de se confier sur tout ce qu’elle a pu vivre depuis qu’elle a ramené la breloque. Installée sur l’Île de la Réunion, la native du Puy-en-Velay a aussi témoigné d’un certain attachement à son département de naissance.
Un mois et demi après cette médaille de bronze, l’euphorie est-elle retombée??Honnêtement, non. J’ai l’impression qu’on m’en parle encore, qu’il y a des gens que je n’avais pas vus comme ma famille, ici, en Haute-Loire. Je suis encore sur mon petit nuage, même si j’ai dû repartir sur une Coupe du monde, après les Jeux, pour boucler la saison. Je ressens bien la différence entre cet événement et les épreuves habituelles. Les JO touchent tellement de gens que la joie de la médaille dure plus longtemps, tandis que sur les Coupes du monde, il faut rapidement basculer sur la suivante.
Johanne Defay a terminé les Jeux avec un casque pour protéger sa blessure à la tête.?Photo Ed Sloane / AFP Pourtant, vous n’aviez pas fait une fixette sur les Jeux, cette saisonC’était quand même le gros objectif cette année, mais j’essayais d’être réaliste. En me disant qu’en surf on dépendait beaucoup des conditions climatiques. Et que ce n’est pas possible de tout miser sur les JO, parce que dans notre discipline on gagne notre vie grâce au Tour professionnel.
Votre venue à Paris, après la médaille, a-t-elle permis de mesurer tout l’engouement qui régnait en France??On s’en rendait déjà bien compte à Tahiti, parce que l’épreuve a duré longtemps. On a regardé toutes les disciplines, dès qu’on pouvait, avec une fan zone dans notre maison. La cérémonie d’ouverture avait donné le ton et j’étais pressée de finir à Tahiti pour venir vivre ça sur place à Paris.
Le passage en Haute-Loire était-il obligatoire après cette aventure??J’avais super envie de venir. Après, chaque année, j’ai toujours envie, mais c’est difficile de s’arrêter. Souvent, quand je passe vers Paris, je me dis que je peux faire un Paris-Lyon et que je serai à côté. Mais avec mes planches, c’est compliqué de voyager et il faut mobiliser du monde. Là, j’ai pu monter depuis le Sud-Ouest avec mes parents. Je devais être en « trip » avec O’Neill, mais les conditions n’étaient pas au rendez-vous. J’avais donc dix jours devant moi, alors que ce n’était pas prévu. J’ai donc sauté dans la voiture avec mes parents pour venir voir la famille, ici.
Quand j’aurai un peu plus de temps, je passerai plus souvent en Haute-Loire
Quelles sont vos attaches dans le département??J’ai beaucoup de famille. Mes parents ont aussi une maison à Saint-Julien-Chapteuil où ils aiment passer du temps, chaque année.
Johanne Defay dans sa ville natale.?Photo DR Saviez-vous, sur le coup, que vous étiez devenue la première athlète de Haute-Loire à ramener une médaille??Non je ne savais pas, mais on me l’a appris après. Je trouve ça fou et drôle que cette première médaille soit venue du surf pour le département.
Cela doit susciter de la fierté au moment de revenir dans sa région nataleOui, forcément. Quand je suis arrivée dans la maison de retraite de mes grands-parents, ils posaient avec un cadre de moi et ma médaille. C’est touchant de voir que je rends fiers mes proches.
La surfeuse a profité de sa venue en Haute-Loire, la semaine passée, pour se ressourcer.?Photo DR C’est aussi ressourçant de passer du temps ici??Oui, en plus de voir ma famille, j’adore être en extérieur. C’est vrai qu’ici il y a plein de balades, c’est au calme. Loin de l’océan, c’est un peu des vacances pour moi. La Haute-Loire, c’est mes tropiques à moi. J’ai pu aller au Mézenc, hier (ndlr, mercredi dernier). D’ailleurs, il y avait beaucoup de monde malgré le vent, les gens sont courageux ici (rires). Mon papa a pu me montrer où il faisait du vélo. Je sens qu’ici, mes parents se sentent vraiment chez eux.
Ça vous donne envie de repasser??Oui, ce sera sur ma « bucket list » de revenir faire plus de randonnées et de vélo. On adore ça avec mon mari. Quand je n’aurai plus le Tour professionnel et donc un peu plus de temps, je viendrai plus souvent ici.
Quelles sont vos futures échéances??Je sens que j’ai besoin de faire une pause, de prendre du temps pour moi. Mais ce n’est pas à cause des JO. Il y a aussi le circuit pro qui fait que j’ai un rythme de vie effréné. Je suis partie le 15 décembre 2023 de chez moi. Je suis rentrée trois semaines au printemps et sinon toutes les deux ou trois semaines je change de pays. C’est ça qui est usant.
Comment va se traduire cette coupure??Je ne sais pas encore, parce que c’est difficile de faire l’impasse sur certaines étapes en Coupe du monde. Jusqu’à fin octobre, j’ai des événements avec mes sponsors, c’est l’autre partie de mon travail. Ensuite, je serai de retour chez moi et tranquille pour prendre le temps de réfléchir.
Johanne Defay
Pensez-vous tout de même aux Jeux olympiques 2028 de Los Angeles??Oui, mais j’ai vraiment besoin de faire une pause et de me recentrer avant de me diriger vers Los Angeles. Je ne peux pas repartir pour les mêmes quatre ans. Sinon, je pense que dans deux ans je fais un burn-out. Mais si j’arrive à bien temporiser pendant deux années, je serais heureuse de m’y remettre à fond pour préparer les Jeux.
Lucas Jacquet
Confidences En off
Elle ne se souvenait plus de sa rencontre avec Léon Marchand.? Installée à une table du café Le Palais, au Puy-en-Velay, Johanne Defay a pris le temps de se livrer, jeudi 26 septembre, malgré un emploi du temps bien chargé. À l’issue de l’entretien, la surfeuse est revenue sur son passage dans la capitale, pour célébrer la médaille. Et notamment sur sa rencontre avec Léon Marchand. « J’avais peur qu’il ne sache pas qui j’étais, donc je me suis présentée. Au final, il m’a dit qu’on s’était déjà vus sur un événement à La Réunion, mais que je ne devais pas m’en souvenir. J’étais toute gênée. » Les soirées au club France lui ont permis de côtoyer les autres champions français. Elle est ravie d’avoir pu décrocher son selfie avec Antoine Dupont, mais regrette d’être passée à côté du cliché avec Teddy Riner.