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Октябрь
2024

L’Ehpad privé Saint-Joseph à Bourbon-l'Archambault va fermer définitivement le 31 octobre

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Il y a des larmes dans les yeux et des sanglots dans la voix de Nathalie Darlak. Vingt-quatre ans que cette aide médico-psychologique de l’Ehpad privé Saint-Joseph, propriété de l’association lyonnaise Itinova, fait partie de la « maison ».Près d’un quart de siècle qui aura beaucoup compté dans sa vie. Alors, « forcément », Nathalie Darlak se dit bouleversée par la fermeture définitive de l’établissement bourbonnais programmé le 31 octobre. Cette déléguée du personnel pense à ses trente collègues qui vont être licenciés : « Un drame humain ». Elle s’émeut aussi du sort des quelque soixante personnes âgées de Saint-Joseph qui vont devoir quitter leur « cocon » pour trouver un hébergement dans une autre structure :  

Moralement, physiquement, financièrement, il va y avoir des impacts pour les résidents et pour les familles

« Sans compter l’impact économique pour la commune de Bourbon-l’Archambault », ajoute-t-elle.Si Nathalie Darlak ne conteste pas les problèmes financiers de l’Ehpad Saint-Joseph et ses difficultés à recruter du personnel, elle estime que tout n’a pas été fait pour le sauver. En mettant clairement en cause « la responsabilité » d’Itinova :

Ce n’est qu’une question d’argent, nos vieux ne sont pas assez rentables pour cette association

Mais la déléguée du personnel incrimine aussi l’Agence régionale de santé (ARS) et le Conseil départemental de l’Allier.

Le Département et l’ARS mis en cause

Autour de la table, lors de la conférence de presse organisée lundi soir au château Bignon, des proches des résidents n’hésitent pas à enfoncer le clou.En exprimant de la colère, de la tristesse et le sentiment d’avoir été mis brutalement devant le fait accompli par Itinova : « Jamais on ne nous a réunis pour nous signaler qu’il y avait des soucis ». En substance, ces familles taxent également l’ARS et le Département d’immobilisme. Sylvain Balouzat, de l’USD CGT Santé de l’Allier, précise un peu plus leur pensée. Et la sienne :

Il y a eu un manque de vigilance, un manque d’anticipation de l’ARS et du Département pour trouver des solutions. Et des solutions, il y en a. La très grande majorité des Ehpad de l’Allier sont en déficit structurel. Mais ils ne vont pas tous fermer. Par contre, si rien n’est fait, beaucoup risquent de mourir les uns après les autres. Politiquement, il va falloir que nos élus se retroussent les manches.

Le député communiste de la circonscription de Moulins, Yannick Monnet, creuse lui aussi le sillon dans le champ de la politique. En dénonçant globalement le système de financement « à bout de souffle » des Ehpad en France : « Bien sûr que le modèle ne va pas, c’est national ! » Mais en stigmatisant aussi « l’inaction » du Département :  « Soit on laisse passer le train et on continue à déstructurer le maillage territorial des Ehpad, soit on essaie d’agir et d’expérimenter. Les responsables départementaux qui mettent en œuvre la politique du grand âge dans l’Allier savent ce qui ne va pas, mais ils ne cherchent pas à changer les choses ».

« Qu’on considère qu’un Ehpad de soixante places comme Saint-Joseph ne soit pas viable uniquement pour des questions financières et qu’on fasse le choix de le fermer, nous, on ne peut pas l’entendre, complète Jean-Marc Dumont, le président communiste de la communauté de communes du Bocage Bourbonnais. Itinova n’a pas cherché à trouver des solutions. Quant au Département et à l’ARS, ils ne s’en sont pas occupés du tout ».Dans la salle, un membre de la famille d’une résidente prend la parole pour asséner qu’Itinova s’est comportée « sans aucun scrupule » : « Elle a utilisé de l’argent public, mais sans avoir de compte à rendre ». Et pour lui, aujourd’hui, ce sont les résidents de Saint-Joseph qui vont payer le prix fort : « On sait combien, à ce grand âge, ils ont besoin de repères. Changer d’environnement spatial et humain est, pour nos anciens, un véritable traumatisme ».

Quid de l’avenir des personnels de l’Ehpad Saint-Joseph ?Claude Riboulet, le président du Département, l’affirme : « Il va y avoir un accompagnement pour les personnes salariées, mais ces secteurs sont tellement en tension que, normalement, elles ne devraient pas avoir trop de difficultés à retrouver un emploi dans le milieu médico-social ».Quant à l’accompagnement des résidents et de leur famille qui vont être contraintes de quitter Saint-Joseph, le Conseil départemental entend-il jouer un rôle ? « C’est la structure (Itinova, ndlr) qui a décidé d’arrêter. Mais, s’il reste des résidents au 31 octobre, on lui a déjà dit d’attendre quelques semaines supplémentaires. On ne déménage pas comme ça, d’un seul coup d’un seul, des personnes en grande dépendance. Donc, nous l’avons poussée à faire les choses correctement. Le 31 octobre n’est pas une date couperet. Ensuite, notre rôle, c’est aussi de faire la coordination avec les autres Ehpad, notamment de voir ceux qui ont des places. Notre rôle, c’est de faire le lien avec les autres établissements pour que tout se passe au mieux ».