Qui est Charles Péguy dont un collège de Moulins porte le nom ?
« Les hussards noirs de la République ». Cette expression qui dit toute l’importance des enseignants sous le ministère de Jules Ferry, a été inventée par Charles Péguy. L’écrivain put lui-même bénéficier de cet enseignement public où il apprit les poèmes de Victor Hugo par cœur. Ceci ne l’empêcha pas de suivre son catéchisme.
Un texte pourrait résumer la pensée multiple de Charles Péguy : le monologue sur la Passion, issu de la pièce Les Mystères de la charité de Jeanne d’Arc.La Passion est le chemin de croix que fit Jésus avant d’être cloué et de mourir au pilori. La force de Péguy est de faire raconter cette torture du point de vue de sa mère, Marie, par une tierce femme.Sans l’intellectualisme de la théologie, avec un vocabulaire simple et une rythmique propre à la langue orale, Peguy fait s’incarner la douleur de l’existence et le manque de justice.
Elle [Marie] pleurait comme jamais il ne sera donné ; comme jamais il ne sera demandé à une femme de pleurer sur terre. Éternellement jamais. À aucune femme. […] Ce qu’il y a de curieux, c’est que tout le monde la respectait. Ils disaient même la pauvre femme. Et en même temps, ils tapaient sur son fils.
Ce texte s’avère un éloge du courage des femmes. Il se trouve que Péguy a été élevée par deux femmes, deux Bourbonnaises. Alors qu’il n’a sans doute jamais mis les pieds dans le département, il a reçu, en fils unique et orphelin de père, une éducation bourbonnaise, par sa grand-mère, Cécile, née à Gennetines, et sa mère, Charlotte, née à Moulins.
Sa mère a grandi à MoulinsSa grand-mère ne savait pas lire, elle fut « fille mère » selon l’expression de son temps. Et pourtant, elle fut patronne de son usine d’allumettes et, après qu’elle dut la revendre à l’État, elle quitta Moulins et le quartier des Mariniers où elle habitait. Avec sa fille, rempailleuse, elles descendirent l’Allier puis la Loire en bateau, pour se créer une nouvelle vie à Orléans.
Mais toute la famille maternelle de Péguy est de Montilly. Jean-Emmanuel Stamm, l’ancien assureur moulinois, en retraité érudit, a remonté son arbre généalogique, jusqu’au XVIIIe siècle. Parmi ses aïeux bourbonnais, des Quéré, des Guerret, des Boncœur et des Jardiller.
Après avoir exposé son ascendance bourbonnaise, Jean-Emmanuel Stamm déclamera La Passion de Charles Péguy, en musique, lors de trois rendez-vous, à Montilly, Gennetines et Moulins, les 6, 13 et 20 octobre.Les musiciens Christophe Jouannard, à l’orgue électronique, et Dominique Arot, organiste, l’accompagneront.Ces rendez-vous sont organisés dans le cadre du festival Terr’HistoireS de l’association Cheminements littéraires en bourbonnais.
Stéphanie Ménastephanie.mena@centrefrance.com
Entrée libreMontilly, dans l’église, ce dimanche 6 octobre à 15 heures ; Gennetines, dans l’église, dimanche 13 octobre à 15 heures ; Moulins, au Sacré-Cœur, dimanche 20 octobre à 15 heures. Jean-Emmanuel Stamm sera accompagné à Montilly et à Gennetines par Christophe Jouannard à l’orgue électronique et par Dominique Arot, titulaire des orgues du Sacré-Cœur à Moulins.Jean-Emmanuel Stamm