Safari Intime ou comment découvrir le quartier ancien de Tulle autrement
Pour le metteur en scène Cyril Jaubert et le musicien Benoît Chesnel, de la compagnie Opéra Pagaï, le spectacle Safari intime sonne comme un retour aux sources.
Celles de leur enfance et leur adolescence entre collège Clemenceau et lycée Perrier. « La fête du lycée nous m’a offert mes premiers émois culturels, se souvient Cyril Jaubert. À l’époque, c’était quelque chose ! Benoît jouait dans des petits groupes, pour moi, c’était les premières expériences de représentation. Imaginer un spectacle et le monter, vivre dans cette ambiance-là. »
Une expérience qu’il va revivre, grandeur nature, vendredi et samedi. Safari intime, une déambulation théâtrale originale « à la découverte de l’être humain dans son habitat naturel, dans une sorte de réserve que serait un quartier de la ville. C’est le principe décalé du spectacle ».
Vingt-cinq saynètes à découvrir à travers les fenêtresEn clair, un parcours balisé à travers le centre ancien ; dans une vingtaine d’appartements, de jardins ou autres lieux normalement privés, 70 comédiens (la moitié de professionnels, l’autre d’amateurs, occupants des lieux) qui jouent et rejouent au fil de la soirée 25 saynètes qui se suivent, se répondent pour construire une histoire commune.
« Les habitants nous prêtent leur maison, précise Cyril Jaubert. C’est une petite performance de jouer en continu. Tout est écrit spécialement pour les intérieurs et les participants de Tulle. Chez des retraités ou des étudiants, ce n’est pas la même scène qui se jouera. C’est une création unique, qui parle d’intime, de vie privée, d’enfance et d’adolescence, d’hommes et de femmes dans plein de situations de la vie quotidienne. »
Trois jours d'écriture in situQuatre fois ces derniers mois, la compagnie est venue à Tulle, identifier le quartier adéquat, toquer aux portes et présenter son projet aux protagonistes. « Je suis retombé sur des gens du lycée ou de l’époque rock’n’roll que je n’avais pas vus depuis 30 ans, sourit-il. Ici, les gens sont chaleureux. Il y a un côté gros village, où tout le monde se connaît, une ambiance que l’on retrouve dans les anciennes villes ouvrières, de solidarité et de camaraderie. Une forme de rudesse propre au Massif Central aussi. »
Autant de caractères qui se retrouveront au fil de ce « spectacle passe-murailles » et des rencontres, à travers les fenêtres ou les jardins, qu’il permettra. « Au début, il y a une petite gêne, le réflexe de se dire ”c’est privé”. Mais très vite, c’est assez jubilatoire de rentrer dans les maisons et d’assister à ces scènes, comme des miroirs de nos propres vies. »
« C’est drôle, touchant, tendre, les personnages sont attachants, pathétiques, pleins de grâce ou embourbés… Il y a plein d’histoires qui se croisent, qui tissent une toile de relations humaines à l’échelle du quartier. Le spectateur est libre de déambuler à son rythme. Nous, on a deux heures pour inventer 25 saynètes en continu. »
Une expérience de spectateurUne écriture qui commence… aujourd’hui, entre comédiens professionnels et amateurs, directement sur les lieux de la représentation. « J’ai le scénario en tête, avance Cyril Jaubert, mais ça s’écrira avec leurs mots à eux, pour que ce soit le plus réaliste possible. »
Il poursuit : « Au-delà des habitants, des gens du club de foot ou des enfants vont participer ; on multiplie les relations avec les écoles, les associations, l’hôpital, la Cité, Corrèze Habitat… Tout le quartier est mis en scène, c’est une expérience de spectateur unique. Une occasion de voir Tulle comme jamais, de pénétrer chez les gens avec les yeux et les oreilles, de passer d'univers en univers, de traverser des endroits inaccessibles d'habitude. Il faut le vivre pour le croire ! »
Safari Intime, par la compagnie Opéra Pagaï, vendredi 4 et samedi 5 octobre à 19 heures, dans le cadre du programme Respire ! par L’Empreinte-Scène nationale ; rendez-vous au théâtre de Tulle, départs échelonnés toutes les 15 mn. Gratuit, réservations obligatoires à la billetterie du théâtre (de 13 heures à 17 heures), au 05.55.22.15.22 ou sur Internet www.sn-lempreinte.fr.
Blandine Hutin-Mercier