Causeur: 7-Octobre, un jour sans fin
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Israël, la Palestine et le monde entier viennent de vivre un véritable annus horribilis suite aux atrocités commises par le Hamas le 7 octobre 2023. L’onde de choc n’en finit pas d’ébranler, au-delà du Proche-Orient, toutes les sociétés occidentales. Comme le souligne Elisabeth Lévy dans son introduction à notre dossier du mois, le pogrom du Hamas a ravivé l’antisémitisme dans le monde et vaut à l’État juif d’être accusé de génocide. Face au nouvel antisémitisme politique qui s’installe en France, le philosophe Pierre Manent, se confiant à Élisabeth Lévy et Céline Pina, affirme que la seule façon de protéger nos libertés et de définir une règle du jeu commune avec les musulmans de France exige avant tout une réaffirmation de la communauté politique nationale qui s’est effacée devant les droits des individus. Selon Alain Finkielkraut, Israël est confronté non seulement à une guerre d’usure mais aussi à une fracturation inédite de sa propre société. Dans une interview avec Élisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques, le philosophe maintient qu’on doit en même temps dénoncer l’extrémisme et le cynisme de Benjamin Netanyahu et combattre l’antisémitisme décomplexé qui sévit partout. Jean-Michel Blanquer explique que ce qu’on a vu au lendemain du 11-septembre et de l’attentat contre Charlie Hebdo se reproduit depuis le 7-octobre : l’inversion victimaire, la justification de l’horreur. Pour l’ancien ministre de l’Éducation nationale, aujourd’hui professeur de droit public à l’université Panthéon-Assas, la barbarie terroriste a ravivé la fascination pour le crime de masse. Il faut analyser ce soutien au mal pour mieux défendre notre humanité.
À propos du 7-octobre, peut-on se fier à un média comme Le Monde ? Selon l’analyse de Jean-Baptiste Roques, le quotidien « de référence », dissimule à peine, mais avec brio, sa vision manichéenne du Proche-Orient et son parti-pris propalestinien. Derrière une mécanique sémantique de précision, s’entend une petite musique anti-israélienne. Pour Gil Mihaely, l’union sacrée qui prévalait en Israël au lendemain de l’attaque du Hamas a été de courte durée. Après quelques mois, les fractures politiques et religieuses qui avaient conduit le pays au bord de la guerre civile sont de nouveau ouvertes. Seules des élections permettront d’apurer le passif. Mais les jours de Benyamin Nétanyahou à la tête du gouvernement ne semblent pas comptés.
Quoiqu’en disent les médias, nous n’avons peut-être jamais été aussi nombreux, de Paris à Téhéran, à vouloir écraser l’internationale islamiste. Tel est l’avis de Philippe Val dans l’entretien qu’il donne à Causeur. À l’avant-garde de la lutte contre les barbus, l’ancien patron de France Inter estime que nous sommes à un point de rupture : le moment n’est plus à l’apaisement, mais à la bataille victorieuse. Dès le 8 octobre, les Français juifs ont été confrontés à la violence. Richard Prasquier, ancien président du CRIF, témoigne qu’intimidations, harcèlements et agressions ont bouleversé le quotidien de nombre d’entre eux, dans la rue, à l’école ou jusqu’à leur domicile. Cela a suscité peu de condamnations politiques et aucune inter-religieuse. Comment vivre dans une telle indifférence ?
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Dans son édito du mois, Elisabeth Lévy se désole de la mode du vin désalcoolisé qui, paraît-il, prend des proportions telles qu’elle pourrait sauver le vignoble français. Le vin sans alcool n’est sans doute que le prélude aux côtes de bœuf sans bœuf, aux livres sans phrases et au sexe sans rencontre des corps. Car « dans l’avenir radieux, tout ce que votre médecin et Sandrine Rousseau vous interdisent existera dans une version assainie ». Dans sa chronique, Emmanuelle Ménard reconnaît que, s’il a fallu attendre plus de deux mois avant que notre pays retrouve un gouvernement, ce dernier penche plutôt à droite, ce qui n’est déjà pas si mal. Stéphane Germain fait l’inventaire des travers des « ultras » du progressisme contemporain. Animés d’intentions louables en apparence, ils cachent mal leurs passions tristes : hypocrisie, vengeance, ingratitude, racisme, antisémitisme, bêtise crasse et mauvaise foi. À l’heure actuelle, le NFP en France semble incarner la dernière gauche immigrationniste d’Europe. Telle est la conclusion de Frédéric Magellan qui voit partout ailleurs, du Danemark à l’Allemagne, en passant par la Grande-Bretagne et la Slovaquie, des partis de gauche rattrapés par le réel et obligés de défendre un strict contrôle des frontières pour enrayer l’immigration de masse. En revanche, la gauche française qui continue de voir un électeur en chaque immigré ne change rien à sa doctrine. Le cas de l’Allemagne est étudié de près par Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie. Les annonces du chancelier Olaf Scholz pour contrôler l’immigration rompent avec une décennie de politique d’accueil inconditionnel. Mais la plupart d’entre elles sont conformes au traité de Schengen. Qu’attend la France ?
Ancien magistrat, Philippe Bilger se penche sur le procès Pelicot. Depuis qu’elles ont débuté au tribunal d’Avignon, les audiences sont noyées sous un flot inouï de commentaires qui ne favorisent ni la justice, ni la qualité du débat public. Ce drame hors-norme est le procès de 51 hommes, non celui du patriarcat ou de la masculinité. Ivan Rioufol nous montre comment la crise démocratique amorcée en 2005 a contaminé la classe dirigeante. Le destin de la France ne peut être abandonné aux idéologues d’un monde plat et indifférencié. Mais aujourd’hui les Français ordinaires sont en passe de se libérer de ces fanatiques du grand marché uniformisé.
Côté culture, on commence par le Moyen Âge. Cette époque est souvent identifiée à l’obscurantisme, mais elle peut avoir des choses à apprendre à nous autres modernes. C’est le cas de l’éducation, selon une exposition à la Tour Jean-sans-Peur que Georgia Ray a visitée pour nous. L’intérêt porté à l’enfant, l’explication de texte, l’apprentissage du par cœur… autant de méthodes qui ont permis la transmission du savoir des siècles durant.
La culture européenne existe-t-elle encore ? La question, qui divise aujourd’hui les intellectuels, est ignorée par nos élites. Cette culture a pourtant forgé notre regard et un « esprit européen » que le monde entier a admiré. Mais de renoncements en reniements, nous avertit Françoise Bonardel, notre civilisation semble admettre son effacement. Ce mois-ci, c’est Dominique Labarrière qui a fouillé dans la « Boîte du bouquiniste » et en a ressorti les Mémoires sur la chevalière d’Éon de Frédéric Gaillardet, de 1866, qui, en citant une profusion de documents, montre quel était le véritable sexe de la « chevalière ».
Emmanuel Domont nous fait découvrir le premier roman de Nagui Zinet, clochard céleste, un récit drôle et désespéré des errances d’un alter ego de l’auteur dans Paris.
Le cinéma américain s’est toujours nourri des fantasmes d’une société divisée et hyperviolente. À l’approche d’une élection présidentielle que d’aucuns jugent cruciale pour l’avenir du pays, certains films catastrophe trouvent un écho troublant. L’avenir des États-Unis serait-il déjà sur les écrans ? En analysant un certain nombre d’exemples, Laurent Silvestrini nous apporte les éléments d’une réponse. Quant au cinéma francophone, Jean Chauvet nous présente un acteur en majesté́, un polar bourguignon gouleyant et une merveilleuse reprise – un véritable tiercé gagnant d’un mois de cinéma polyphonique comme il se doit. Enfin, Yannis Ezziadi nous emmène au Bistrot des Halles, où Vincent Limouzin entretient la tradition bistrotière qui a fait la réputation du Ventre de Paris. Dans un décor inchangé depuis les années cinquante, il sert une cuisine canaille savoureuse et les vins de vignerons qu’il connaît. Qu’ils commandent un repas au Bistrot des Halles ou se plongent dans les pages de Causeur, nos lecteurs ne resteront jamais sur leur faim.
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