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Октябрь
2024

Dans le Puy-de-Dôme, comme ailleurs, les Ehpad s'enfoncent dans la crise avec un déficit moyen de 320.000 euros

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Les Ehpad font face à une crise de financement sans précédent et qui ne cesse de s’aggraver. Le 24 septembre dernier, 18 fédérations et organisations du Grand âge ont lancé l’opération « Les vieux méritent mieux » qui a mobilisé 40.000 personnes en France, pour réclamer des moyens d’urgence et exiger du gouvernement une loi systémique garantissant des financements suffisants face à la « vague grise » qui arrive. Bruno Fontlupt, correspondant AuRA de l’association des directeurs au service des personnes âgées (ADPA) explique ce qu’il en est dans le Puy-de-Dôme. 

Quelle est la situation des Ehpad puydômois ?

 Il y a une centaine d’Ehpad dans le département sous divers statuts. Et partout, la situation est compliquée. Près de 79% des établissements vont clore l’année avec un déficit moyen de 320.000 euros. L’an dernier, c’était le cas 75% des établissements pour 223.000 euros...

Comment en est-on arrivé là ?

 Produits alimentaires, énergie, masse salariale, tous les postes ont explosé.   Avec le Ségur de la santé, les salaires ont été augmentés, mais l’État n’a pas compensé comme il l’avait dit. Nous faisons aussi face à des difficultés de recrutement qui poussent à recourir à l’intérim plus cher. Et on observe une dégradation du service aux personnes âgées.

Heureusement, le Conseil départemental du Puy-de-Dôme, qui fixe les prix du secteur non commercial, a pris la mesure de la difficulté. Il nous a accordé une augmentation de 5% du prix de journée ce qui a permis un bon rattrapage et un CNR (crédit non reconductible) de 3,2 millions d’euros pour 2024. Mais qu’en sera-t-il en 2025 et après ?

La loi "Bien vieillir" votée en avril 2024  devait permettre aux Ehpad de moduler leurs tarifs en fonction des ressources des résidents sans l’aval préalable des Départements ? Où en est-on ? 

Le principe de cette modulation, applicable au 1er janvier 2025, aux nouveaux entrants, a donné lieu à des discussions éthiques. Personnellement, ça ne me choque pas, mais ça ne réglera absolument pas le problème.

De toute façon, le décret d’application qui devait encadrer cette modulation n’a pas été publié.

Que réclame le secteur ?

Une loi sur le grand âge avec des financements dédiés à hauteur de 10 milliards au moins. Tous les présidents de la République l’ont promise ! Aucun ne l’a fait ! Même la Cour des Comptes dit qu’il faut investir dans les personnes âgées. Nous sommes face à un mur, à un tsunami démographique : en 2030, les + de 65 ans seront plus nombreux que les – de 15 ans ! Nous devons absolument améliorer la prise en charge. Actuellement, le ratio personnel / résident est de 0,6/ 1 soit 6 personnels pour 10 résidents. Nous demandons à passer à 0,8/1 sachant qu’au Danemark ou en Suisse, on est à 1/1. Et puis, le reste à charge des familles est beaucoup trop élevé par rapport au montant des retraites. Dans le Puy-de-Dôme, il est en moyenne de 2.000€ par mois. 

Le sujet a beau être transpartisan, l’État a du mal à s’engager. L’amendement déposé, année après année, par la députée Christine Pires-Beaune pour transformer la réduction d’impôt dont bénéficient les résidents d’Ehpad en crédit d’impôt n’est toujours pas passé (*). Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Ce crédit d’impôt serait une bonne nouvelle pour les familles, mais dans une période de réduction des déficits publics, l’État y voit une perte de recettes fiscales, oubliant que nous créons des emplois non délocalisables. Il est urgent d’avancer sinon les fermetures d’Ehpad se multiplieront partout en France. On le voit déjà dans l’Allier et dans le Cantal.

(*) Voté par les députés en avril 2024, il a disparu du projet de loi de finances soumis par le Gouvernement au Parlement et adopté via le 49.3.

Géraldine Messina