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La grande famille agricole se retrouve au Sommet de l'élevage de Clermont-Ferrand

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Le montage des stands allait bon train, ce lundi 30 septembre, à l’intérieur de la Grande Halle d’Auvergne à Cournon ainsi que sur les espaces extérieurs, afin que tout soit fin prêt pour le lancement du 33e Sommet de l’élevage, ce matin. Programmé jusqu’à vendredi, le rendez-vous permettra non seulement aux agriculteurs de montrer leur savoir-faire, mais également à la profession de se soutenir en ces temps troublés.

Près des portails, les bétaillères arrivaient au compte-gouttes ce lundi 30 septembre, afin de libérer les 1.600 animaux attendus durant ces quatre jours pour des présentations, des démonstrations et des concours. Tablette électronique en main, Émilie Brenot, conseillère sanitaire du groupement de défense sanitaire du Cantal, vérifiait que le dossier de chaque animal accueilli était bien à jour. Car suite à la recrudescence de cas de maladie hémorragique épizootique (MHE) et de fièvre catarrhale ovine (FCO), le protocole a été renforcé afin de limiter au maximum leur propagation.

Les animaux ont dû se soumettre à trois désinsectisations avant leur entrée sur le Sommet et à une prise de sang visant à rechercher cinq maladies (*). Nous avons reçu les résultats pendant les trois derniers jours et validé jusqu’à vendredi dernier tous les bovins.

Protocole sanitaire

Ce lundi, chaque entrée d’animal était ainsi validée avec un certificat signé par le Groupement de défense sanitaire, les éleveurs et les vétérinaires, ainsi que par les transporteurs. « Ça bouge encore actuellement au niveau de la MHE. Vendredi, on comptait 1.484 foyers en France », poursuit la conseillère.C’est surtout du côté du hall 5 que l’impact de la crise sanitaire sera le plus important cette année, avec moins d’ovins présents que d’habitude. Comme les bovins, les brebis ont dû se soumettre à une désinsectisation début août, puis à un PCR MHE et un PCR FCO-3 quinze jours plus tard. Les bêtes présentes au Sommet ne repartiront pas sur les exploitations. Elles seront récupérées par les coopératives et destinées à la boucherie afin de limiter le risque de contamination.

Désinsectisations et pièges  à culicoïdes 

« Nous aurons un peu moins d’une centaine d’ovins présents contre quatre cents habituellement, car tous les éleveurs n’avaient pas de brebis de réforme ou d’agneaux de boucherie à présenter », dit Sébastien Mourgues, conseiller technico-administratif de l’Établissement départemental de l’élevage, en charge de gérer le commissariat aux animaux. D’autant que contrairement aux bovins, les ovins ne participent pas à des concours à Cournon.

Ce lundi matin, les cases destinées à accueillir les ovins ont également été désinsectisées. Des pièges à culicoïdes, ces moucherons qui transmettent la FCO aux brebis, ont été déployés sur site.

C’est une année particulière, on a dû combler le vide, poursuit Sébastien Mourgues. Mais on a quand même décidé de faire quelque chose, sinon, ça aurait été encore plus triste ! On ne pouvait pas laisser les éleveurs seuls. Ils seront quand même contents d’être venus à la fin du Sommet.

Espace convivial de répit

Afin de les soulager, un peu, psychologiquement, un espace convivial de répit est pour la première fois installé dans ce hall 5 des ovins, « pour que les éleveurs se retrouvent en famille et s’épaulent, explique Michèle Boudoin. Ils pourront discuter avec leurs collègues, avec les politiques qui passeront. L’idée est de libérer la parole ».

La filière traverse en effet « une crise sanitaire sans précédent ». « On a connu la FCO dans les années 2008-2015, avec des stratégies vaccinales européennes. Mais c’est sans commune mesure avec ce qu’on connaît aujourd’hui », souffle Michèle Boudoin. Présidant la Fédération nationale ovine, cette éleveuse puydômoise a elle-même perdu 78 bêtes. Cela représente une perte directe de 23.800 €. « On est en train de voir pour échographier les brebis et mettre en place des spermatogenèses pour les béliers après la lutte d’été, pour voir s’il y aura une production pour Pâques », poursuit l’éleveuse.

Fièvre catarrhale ovine en Auvergne : comment se transmet-elle ? Combien de bêtes mortes ? Comment l'arrêter...

Le nouveau variant de la FCO est des plus violents : 90 % des brebis atteintes meurent « dans des souffrances terribles, alerte Michèle Boudoin. C’est très dur psychologiquement, les éleveurs n’arrivent pas à sauver leurs bêtes ». Les pertes sont estimées entre 20 et 70 % selon les élevages.

On demande tout de suite l’activation de la réserve de crise agricole européenne. Il faut aussi une stratégie avec des banques antagènes, de la recherche et du développement sur des vaccins. Il nous faut un plan Marshall pour la filière ovine !

Réponses attendues

La crise sanitaire actuelle n’est pas la seule source d’inquiétudes du monde agricole. Rien (ou quasiment) n’a bougé depuis les manifestations qui ont traversé le monde agricole en début d’année pour demander le renforcement de la loi Egalim, des prix, la gestion des crises climatiques, la mise en place de clauses miroirs… Auxquels est venue s’ajouter ces derniers jours la déflagration suscitée par l’annonce de Lactalis de réduire sa collecte de lait.

« On a ce temps législatif qui s’est arrêté. Le précédent gouvernement avait annoncé des choses, notamment des plans élevage au Sommet l’an dernier, mais elles n’ont pas été mises en place », interpelle David Chauve, secrétaire général de la FRSEA. Avant de poursuivre : « Tous nos dossiers d’actualité et d’urgence n’ont fait que s’amplifier. Il y a nécessité à apporter un message d’accompagnement clair, notamment de prise en charge des vaccins et de la vaccination ».

Ce qui vous attend au Sommet de l'élevage de Clermont-Ferrand, du 1er au 4 octobre

« Pas mal de choses peuvent être faites rapidement par arrêté ou décret, abonde Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine et vice-président de la FNSEA. Il n’y a pas beaucoup d’endroits où ça coûte cher, ce sont des actes politiques ! » A l’heure de lancer ce Sommet de l’élevage 2024, la visite de la toute nouvelle ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, attendue sur place jeudi, suscite « de l’impatience et de l’espoir ». Surtout celui d’avoir « des réponses qu’on désespérait d’avoir », conclut Patrick Bénézit.

(*) La rhinotrachéite infectieuse bovine, la besnoitiose, la diarrhée virale bovine, la fièvre catarrhale ovine et la maladie hémorragique épizootique.

Gaëlle Chazal