De l’incompétence d’Emmanuel Macron
On a appris de la bouche des nouveaux locataires de Bercy que le déficit public de la France pourrait dépasser les 6 % du PIB dès cette année. Eh bien, chers lecteurs, selon moi, ce petit chiffre d’apparence anodine suffit à lui seul à résumer très précisément la présidence d’Emmanuel Macron. Une présidence qui dure maintenant depuis plus de 7 ans et qui se révèle très officiellement catastrophique.
Force est de constater qu’on est loin des 3 % maximum requis par les traités de l’Union européenne. On est même loin des 5,1 % auxquels la France s’était engagée pour 2024 après les 5,5 % en 2023. Alors l’objectif fixé par Bruno Le Maire de revenir à 3 % en 2027… Blabla bercynois. Et côté dette publique, laquelle croît et embellit chaque année par empilement des déficits, avec 110,7 % au premier trimestre 2024, on est loin des 60 % du PIB également requis par les règles communautaires. Résultat, la France se trouve à nouveau placée en procédure de déficit excessif par les instances européennes.
En 2017, il était question de « startuper » la France grâce à l’illusion lyrique du « en même temps » et du « penser printemps » et maintenant, très concrètement, très dangereusement, l’État au sens large, éducation, santé, sécurité et retraites comprises, est aux abois.
Une œuvre de pure incompétence, marquée au sceau de l’idéologie étatique la plus simpliste, où le pseudo charme des beaux discours truffés de références épiques et littéraires a servi de village Potemkine à une politique désespérément identique aux précédentes, à savoir le sauvetage permanent de notre divin modèle social collectiviste en grave difficulté depuis plus de 40 ans, disons même 50, par la technique multiforme du « toujours plus de moyens, toujours plus d’interdits et d’obligations, quoi qu’il en coûte ».
Le tout au nom de la justice sociale, bien sûr. Mais quelle justice y a-t-il à demander aux citoyens d’un pays déjà champion du monde des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques, ces citoyens fussent-ils « riches », de payer encore plus d’impôts et de subir encore plus de dette (qui sera répercutée sur nous et les générations futures, n’en doutez pas) ?
Alors oui, incompétence d’Emmanuel Macron, étroitesse d’esprit, rigidité d’un mental sans doute cultivé mais incapable de concevoir des voies de liberté et de prospérité en dehors du carcan du dirigisme d’État, capitalisme de connivence compris. Incapable de proposer autre chose en temps de crise que des paroles illuminées et des « gimmicks » boursouflés de vide tels le Grand débat national et les Conventions citoyennes.
Incompétence de l’ex-ministre de l’Économie Bruno Le Maire qui aura passé ses 7 ans à Bercy à se dresser contre les errements de sa propre politique. Rappelons-nous ses violentes vitupérations contre les impôts. « Je crois à un État fort, mais pas à un État qui se disperse, qui finance tout et devient une pompe à fric ! » s’écriait-il encore récemment, toute honte bue. Mais au fait, cher Monsieur, qui fut ministre de l’Économie, des Finances et du Budget ? Qui a élaboré les PLF successifs, si ce ne sont vos équipes de Bercy ? Qui a approuvé les projets budgétaires en question, si ce n’est le Conseil des ministres réuni autour d’Emmanuel Macron, Conseil dont vous fîtes partie jusqu’à très récemment ? Bref, qui a déterminé la politique économique de la France depuis 2017 ? Et dire que vous voilà maintenant professeur d’économie… On rit.
N’oublions pas non plus Gérald Darmanin qui fut ministre du Budget avant de briller à l’Intérieur et qui avait le front de déclarer début 2020 que la France pouvait « dépenser quasiment sans compter » en temps de Covid-19 « parce que nos finances publiques étaient saines » (vidéo, à partir de 10′ 10″). On sait maintenant, et l’on savait déjà à l’époque, que tout cela n’était que balivernes. Pour le dire comme la Cour des Comptes au fil de ses examens scrupuleux des projets de loi de finances PLF : « incomplet », « irréaliste », « insincère ».
Tout cela est d’autant plus affligeant que l’alerte ne semble pas encore assez forte pour pousser la classe politique à réfléchir en profondeur à la situation de la France plutôt qu’à la façon dont les uns et les autres vont pouvoir s’imposer au sein du kaléidoscope parlementaire. Le déficit public va dépasser les 6 % – à combien se montera-t-il exactement ? – mais ce sont les vieilles habitudes qui ont le vent en poupe chez les plus virulents opposants à Emmanuel Macron, qu’ils soient assis à droite ou à gauche dans l’hémicycle : taxer les riches et/ou abroger la réforme des retraites. Même le nouveau Premier ministre Michel Barnier y a été de son petit couplet sur « la justice fiscale ».
Alors bien sûr, d’aucuns me diront que ce n’est plus le moment de chercher des responsables. Que le temps des coups de gueule est passé. Que la responsabilité, précisément, consiste maintenant à chercher comment s’en sortir. Sans doute.