« C’était comme une deuxième maison» : il y a trente ans, la MJC de Montluçon inaugurait trois studios de répétition

François Laplanche se souvient de la date. C’était le 7 mars 1990. Celui qui était alors élu à Montluçon reçoit un groupe de « six/sept jeunes se plaignant de ne pas pouvoir répéter la pièce qu’ils avaient écrite. Qu’ils étaient de Fontbouillant et étaient rejetés de partout », rapporte l’actuel président de la MJC de Fontbouillant.

Un concert inaugural avec les Tambours du Bronx

Quatre ans plus tard, en avril 1994, trois studios de répétition sont inaugurés. Et les bras qui ont permis la réalisation du projet se sont retrouvés jeudi 26 septembre pour fêter les 30 ans de ces équipements, gérés depuis 2015 par le 109 de Montluçon (scène de musiques actuelles).Guy Garcia, ancien directeur de la MJC. (Photo Cécile Champagnat)

Il y avait Guy Garcia, l’ancien directeur de la MJC, de juillet 1993 à 2001. « Le concert d’inauguration était marquant, avec les Tambours du Bronx, les Sheriff et Infraktion. La jauge d’accueil avait été dépassée… Il y avait pas mal de groupes dans le quartier, et c’était un brassage entre des rockeurs, des rappeurs, et la musique électro qui arrivait », se souvient l’intéressé.

Noir sur blanc s'est reformé pour l'anniversaire

Après la grande salle de concert, l’Embarcadère a été aménagé en 1998. Le groupe Noir sur blanc l’a réinvesti, jeudi 26 septembre, pour une date unique.Le duo de rap formé en 1996 par Yan C.K. et L’Ami Tarik s’est retrouvé pour l’occasion. Les deux poursuivent des projets personnels depuis 2012.  Le groupe Noir sur Blanc s'est reformé pour l'occasion.Yan C.K. développe : 

Au début, on n’avait aucun matos. On répétait dans les halls du quartier. Quand on a appris l’existence des studios, c’était génial. On les a fréquentés pendant des années, c’était comme une deuxième maison. J’ai fait des formations, des stages, j’ai appris à produire des sons. Ils ont pris en compte notre musique, nous ont fait faire des scènes ailleurs en France.

« Justice sociale » par l'accès aux lieux de répétition

C’est un thème que connaît bien Marc Touché, sociologue, inventeur du terme « musiques amplifiées » (du death metal au rap en passant par l’électro).Le chercheur, aujourd’hui à la retraite, a travaillé sur l’accès aux outils de création artistique. Ceux-ci participent de la « justice sociale ».Marc Touché, sociologue. (Photo Cécile Champagnat)

C’est Guy Garcia qui l’a fait venir à Montluçon. « Il savait que je travaillais sur le sujet depuis 1989. J’ai rencontré les gens, recueilli leurs témoignages. J’en ai fait un rapport qui a déclenché un programme de création de studios ailleurs en France. » Le lien avec Montluçon ne s’arrête pas là puisqu’il a participé au développement de l’actuel Musée des musiques populaires (MuPop).

Seher Turkmen