Ô temps suspendu

La mort n’attend pas, c’est même là l’ultime traîtrise. Mais comment vivre bien si on ne sait pas l’envisager, si on est incapable d’en poser les termes dans toute l’éclatante liberté dont devrait disposer chaque femme, chaque homme ? On peut dire que ces derniers mois la France avait fait de grands pas citoyens à coups d’exigeants débats et de coûteux compromis dont elle était sortie grandie. Mais voilà que la dissolution a tout jeté à terre un jour de juin, laissant à jamais la XVI e législature sur sa faim et sa sidération. Projets de loi sur la fin de vie, d’orientation agricole, sur les meublés touristiques, l’audiovisuel… Les textes sont nombreux à attendre leur sort après ce choc d’incertitude inoculé par l’instabilité politique. Et si tout rebasculait dans un an ? Que tout était de nouveau suspendu ?

Mais qu’on se rassure, le centre de gravité est ailleurs. Conservatrice en matière économique, avec son âme de rentière, désireuse de fermeté en termes d’immigration et de sécurité, la France se montre beaucoup plus progressiste qu’on ne le pense en matière de mœurs. Aussi, la société, dans sa permanence, a toute légitimité pour peser sur l’État.

l’éditorial

Florence Chédotal