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Сентябрь
2024

Le gouverneur de la Banque de France propose une voie pour réduire les déficits publics : "Fixons plutôt un cap sur 5 ans"

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Les déficits publics qui continuent de s’accumuler à près de 6 % par an inquiètent le gouverneur de la Banque de France. À l’occasion d’un déplacement dans le Puy-de-Dôme ce lundi, François Villeroy de Galhau livre au groupe CentreFrance son sentiment sur la situation.

« Il faut être clair, l’accumulation des déficits publics justifie la forte mobilisation du nouveau gouvernement de M. Barnier. La dette ne peut pas continuer à croître de la sorte, et à nous coûter de plus en plus cher. Il faut revenir en dessous de 3 % de déficit, pas seulement pour être en accord avec les règles européennes, mais parce que c’est le niveau qui permettra de stabiliser le poids de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB). »

Négociation, réformes et respect des engagements

Comment y parvenir?? Le gouverneur dessine une voie qu’il estime raisonnable : « Passer de près de 6 % de déficit public à 3 % nécessite environ 100 milliards d’euros d’effort. Certains disent qu’il faudrait y parvenir d’ici 2027. Ce n’est pas crédible ni sage : fixons plutôt un cap sur cinq ans, soit un effort de 20 milliards par an. »

Il faudra pour cela une négociation avec la Commission européenne, mais qui peut aboutir si notre pays mène parallèlement des réformes et tient enfin ses engagements. 

Au-delà du calendrier se pose la question des leviers à activer. « Chaque camp s’invective en plaidant soit des économies de dépenses publiques, soit des hausses d’impôts. Le bon sens serait de viser une combinaison bien proportionnée des deux, poursuit François Villeroy de Galhau. La priorité, ce doit être l’action sur les dépenses publiques, pour au moins les trois quarts de l’effort. Notre problème est en effet d’abord que notre modèle social et public coûte bien plus que chez nos voisins qui obtiennent pourtant à peu près les mêmes résultats. Pour trouver ces 15 milliards par an, il ne s’agit d’ailleurs pas de faire reculer les dépenses – ce n’est pas l’austérité – mais de freiner enfin leur croissance. C’est exigeant car il y a des facteurs de hausse comme le vieillissement de la population, les enjeux du climat ou de défense nationale?; mais on peut par exemple gagner en efficacité sur nos dépenses de fonctionnement – État comme collectivités locales –, ou sur certaines subventions. »

Pour le quart restant de réduction des déficits publics, on ne devrait pas exclure l’impôt, selon le gouverneur de la Banque de France. « On peut travailler à certaines hausses d’impôts ciblées et justes. Ciblées car elles ne devraient toucher ni les classes moyennes ni les TPE-PME : sinon on nourrirait leur défiance et un certain attentisme économique.  »

Mais on peut réduire certaines niches fiscales qui profitent davantage aux plus favorisés ou vont à l’encontre de la transition écologique. Et à titre complémentaire et temporaire, on ne doit pas exclure un effort raisonnable des plus gros contribuables et des grandes entreprises.

Se référer à l’esprit olympique

François Villeroy de Galhau le martèle, « il faut répondre à l’inquiétude de nos compatriotes sur la dette ». Et de se référer, pour espérer avancer, à l’esprit olympique de cet été. « Au moment des JO, les Français ont su s’unir et étonner le monde. Aujourd’hui, que le monde politique évite de nous jouer “Astérix et la Zizanie”. Mieux vaut s’asseoir autour de la table et travailler ensemble pour des solutions concrètes. C’est ce qui se passe ailleurs en Europe. »

Patrice Campo