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Сентябрь
2024

Méthodes d'enquête contestées : l'ex-patron de l'office des stups devant la cour criminelle

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À 56 ans, l'ex-super-flic François Thierry comparait pendant une semaine pour avoir monté une fausse garde à vue à un de ses informateurs, en avril 2012. Et pas n'importe lequel : Sophiane Hambli, baron du trafic de cannabis. Objectif ? Le faire sortir de détention pour qu'il puisse suivre une grosse livraison. Dans la foulée, le policier aurait détruit les documents et les téléphones en rapport avec cette procédure fictive.

De 2010 à 2016, le médiatique François Thierry a été patron de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) - désormais baptisé office anti-stupéfiants -. Sa qualité de commissaire de police fait qu'il est renvoyé devant une juridiction criminelle pour "faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique" et "destruction de preuves". Il encourt 15 ans de prison.

Un baron de la drogue extrait de sa cellule

Avril 2012. Sophiane Hambli, considéré comme un des plus gros importateurs de cannabis de France, est extrait de sa cellule (il purge une peine de 13 ans pour trafic de stupéfiants). Il est amené dans un hôtel par le commissaire Thierry. Le trafiquant passe un tas de coups de téléphone pour se rancarder sur une grosse livraison de cannabis en provenance du Maroc. Le but ? On va laisser entrer la marchandise - six tonnes de cannabis -, la pister et interpeller les réseaux qui l'organisent. Cette méthode de la "livraison surveillée" était très employée par François Thierry. La drogue est arrivée sur une plage du sud de l'Espagne, avant d'être dispatchée. Seule 1,9 tonne sur six sera finalement interceptée malgré le balisage de nombreux véhicules. S'il y a bien eu un PV de garde à vue, il a ensuite été détruit, tout comme les téléphones utilisés pour l'opération.

Cette "extraction" est restée secrète pendant plusieurs années. Jusqu'en 2018 quand un autre informateur, Hubert Avoine, révèle les "méthodes douteuses" du commissaire auprès du procureur de Paris, expliquant avoir participé à l'opération du printemps 2012. Une enquête est alors ouverte et conduit à la découverte de sept tonnes de cannabis, en plein Paris, dans des véhicules garés en bas de chez Sophiane Hambli (*). Cette drogue serait arrivée là via une nouvelle "livraison surveillée" pilotée par l'Ocrtis. C'est l'affaire qui a fait exploser l'office et a conduit à l'éviction de François Thierry.

La justice était-elle au courant ?

Les magistrats lyonnais vont donc se pencher, cette semaine, sur l'épisode de 2012 et tenter de déterminer si François Thierry a commis des infractions dans le cadre de son enquête. Le policier a reconnu les faits mais a toujours dit que tout avait été mis en place avec l'aval du parquet de Paris. La procureure de Paris, aujourd'hui à la retraite, aurait seulement reçu une "information parcellaire" selon les enquêteurs. Elle va devoir témoigner face à la cour criminelle.

François Thierry est également poursuivi pour complicité de trafic de drogue. Un pan de l'enquête qui a été délocalisé à Bordeaux. Les juges ont estimé qu'il devra aussi s'expliquer devant la justice. La date du procès n'est pas connue.

(*) Il purge actuellement une peine de 20 ans de prison au Maroc.