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Сентябрь
2024

Comment se passe l'attribution d'un AESH pour les élèves en situation de handicap dans l'Allier ?

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Alors que de nombreuses familles se plaignent du manque d'AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) sur l'ensemble du territoire français, Roseline Lamy Au Rousseau, directrice académique des services de l’Éducation nationale, fait le point sur la situation dans l’Allier.

Comment obtient-on un accompagnement par un AESH ?

« Tout démarre de la MDPH (maison départementale des personnes handicapées). La CDAPH (commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées) notifie après instruction des dossiers par une équipe pluridisciplinaire. Cette notification doit être mise en œuvre par l’Éducation nationale. L’Éducation nationale, elle, a une délégation de moyens en termes d’AESH pour l’année scolaire.

Actuellement nous avons pour Allier 432 AESH. En parallèle, la CDAPH se réunit régulièrement tout au long de l’année. Elle notifie chaque fois qu’elle se réunit, quasiment une fois par mois. Actuellement, à la rentrée 2024, nous avions 738 élèves notifiés, de la maternelle au lycée et il y a encore environ 200 dossiers en instance qui sont pas passés en CDA. En fait, on a une enveloppe d’AESH, en début d’année, qui n’est pas augmentée en fonction du nombre de dossiers qui arrivent en CDAPH.

La CDAPH notifie de l’accompagnement humain. Ça veut dire que c’est de l’aide qui est notifiée. On a de l’aide individuelle, ça veut dire que l’enfant a besoin d’un adulte pour lui tout seul à hauteur de deux, trois, quatre, cinq heures par semaine. Mais ça ne veut pas dire que c’est forcément toujours le même adulte. C’est l’aide qui est individuelle. Pareil, quand on parle d’AESH mutualisé. L’aide peut être partagé entre deux ou trois élèves accompagnés par la même personne. Cette personne sur l’ensemble de la semaine peut ne pas forcément être la même non plus. »

Roseline Lamy Au Rousseau, la Dasen de l'Allier, propose de réfléchir à des solutions hybrides à l'avenir.

Il n’y a pas assez d’AESH actuellement. Vous manquez de candidats ou est-ce qu‘ils n’ont pas les compétences requises ?

« Le métier se professionnalise. Ils ont des formations. On les accompagne parce que tous les handicaps ne se ressemblent pas. Dans l’Allier, concernant le vivier d’AESH, ce n’est pas là où on a le plus de soucis.

On a quelques secteurs géographiques où l’on est un peu plus en difficulté globalement. Après, on est aussi sur des problématiques pour nos AESH d’être en capacité d’aller où il y a les élèves qui doivent être accompagnés. Les élèves qui doivent être accompagnés, ils ne sont pas tous à Vichy, tous à Moulins, tous à Montluçon. Il y en a qui sont dans des établissements qui sont un peu plus éloignés.

Donc on a aussi cette problématique de la distance et du fait que l’AESH puisse se déplacer d’un établissement à l’autre pour accompagner les élèves qui en ont besoin. »

Le problème n’est pas départemental mais national. La solution ne peut se trouver qu’au national ?

« On a actuellement des orientations par défaut dans nos établissements, dans nos Ulis (unités localisées pour l'inclusion scolaire), par manque de places dans certains établissements médico-éducatifs.

Et donc pour compenser le fait qu’un élève qui relève d’un IME, ne puisse pas aller en IME par manque de place et vienne à l’école, on compense par une AESH individuelle. Donc forcément sur notre volant d’AESH annuels, ça préempte des AESH.  Alors que si l’enfant était pris en charge dans la structure qui convient à son handicap, ça sera sans doute différent.

On est actuellement sur une mutation de l’ensemble avec aujourd’hui, un rapprochement du médico-social avec l’école pour permettre aux élèves d’avoir des parcours mieux adaptés à leurs besoins. C’est-à-dire un peu de temps à l’école mais aussi un peu de temps dans le médico-social. »

La clé du problème va être une question de moyens à tous les niveaux, dans les IME, à l’Éducation nationale… ?

« Il faudra sans doute réfléchir globalement et pas juste en termes de moyens. Aussi en termes d’organisation et de parcours de l’enfant. Actuellement, on reste sur "c’est l’école ou le médico-social". Peut-être que l’on pourrait penser des parcours hybrides où les compétences des uns et des autres s’entrecroisent pour pouvoirs permettre à l’élève de progresser. C’est presque un changement de paradigme. »

Propos recueillis par Florence Farina