RDC : le doute persiste sur l’engagement de Félix Tshisekedi pour le rétablissement de la paix au Nord-Kivu
D’après plusieurs observateurs nationaux et internationaux, les actions du président congolais, Félix Tshisekedi, jettent un doute sérieux sur son engagement réel pour le retour à la paix au Nord-Kivu.
Malgré la médiation du facilitateur de l’Union africaine, João Lourenço, président de l’Angola, et celle de la Communauté internationale, le conflit au Nord-Kivu peine à trouver un dénouement. Plusieurs spécialistes et observateurs de la scène politique internationale accusent le président congolais, Félix Tshisekedi, d’entraver le processus de restauration de la paix et de la sécurité au Nord-Kivu.
Une paix difficile à trouver
Pourtant, dès son accession au pouvoir, Tshisekedi a promis de réaliser cet engagement dans cette région cruciale de la RDC. Les décisions politiques et les stratégies mises en place par son gouvernement semblent, au contraire, exacerber les tensions plutôt que de les apaiser. « Notre combat sera celui de vous apporter la paix, une paix définitive, une paix nécessaire pour la stabilité de notre pays », déclarait-il le 7 octobre 2019 à la place de l’indépendance à Bukavu dans le Sud-Kivu lors d’un meeting populaire.
Il est aussi reproché au président, F. Tshisekedi, le manque d’implication lors des négociations. En effet, lors de la troisième réunion ministérielle, qui s’est tenue du 20 au 22 août 2024 entre les délégations rwandaise et congolaise, certaines sources crédibles indiquent que la partie congolaise ne s’est pas réellement impliquée dans des échanges. D’autres reviennent sur l’éventualité d’une guerre contre le Rwanda, comme l’a indiqué le président congolais à nos confrères de TV5 Monde. Dans un entretien accordé au quotidien français Le Figaro, le président congolais, Félix Tshisekedi, déclare qu’une guerre entre la République démocratique du Congo (Rdc) et le Rwanda « est possible. Bien sûr, qu’une guerre est possible, je ne vous le cache pas », met en garde Félix Tshisekedi, qui a entamé une visite officielle en France le 29 avril 2024. « Ce pays, qui est notre voisin, viole notre territoire pour piller nos minerais critiques et terroriser nos populations », accuse le chef de l’État congolais, en dénonçant « l’inertie de la communauté internationale », à qui Kinshasa demande de prendre des sanctions contre le Rwanda ». C’est du moins ce qui ressort du site web de TV5.
Tensions régionales
En février 2024, le président congolais a fustigé un accord entre l’Union européenne et le Rwanda en ces termes : « C’est comme si l’Union européenne nous faisait la guerre par procuration ».
Il faisait cette déclaration en direct de la chaine de télévision nationale. Il s’agissait d’un protocole visant à renforcer la coopération dans le domaine des minerais. « Nous allons user de toutes les voies diplomatiques y compris judiciaires pour faire annuler cette motion qui a été signée ». Il estime qu’il s’agit d’un acte qui prouve le mauvais engagement de l’Union européenne. D’après certains observateurs, cette réticence à s’engager pour la paix résulte du fait que Tshisekedi croit à la force de frappe des groupes Wazalendo. Or, cet état de choses exacerbe les tensions, rendant les négociations plus ardues et moins susceptibles de déboucher sur un accord concret.
Les miliciens Wazalendo, alliés de l’armée congolaise et financés par Tshisekedi, sont impliqués dans les combats contre le M23. Leur soutien au gouvernement congolais est devenu un point de tension majeur. En effet, ces milices, souvent imprévisibles et peu coordonnées, ajoutent une dimension supplémentaire à la crise, rendant les négociations encore plus complexes. Le président Tshisekedi, en mobilisant ces groupes, cherche non seulement à renforcer sa position militaire, mais aussi à maintenir une pression sur les forces rwandaises. Une stratégie axée sur la consolidation du pouvoir. Ce soutien aux Wazalendo s’inscrit dans une stratégie plus large de la part de Tshisekedi, qui semble utiliser le conflit pour consolider et pérenniser son pouvoir interne et détourner l’attention des défis politiques et économiques auxquels il fait face.
Danger des milices
Tandis que les discussions à Luanda se concentraient sur la neutralisation des FDLR et la mise en œuvre d’un cessez-le-feu, le président congolais ne montre pas de signes clairs de vouloir abandonner les milices locales qui ont une influence significative dans la région. Les critiques indiquent également que Tshisekedi manifeste une certaine réticence à avancer vers des compromis. Le président congolais, tout en affirmant vouloir la paix, semble mettre à profit des négociations pour maintenir une pression sur le Rwanda, plutôt que de rechercher des solutions diplomatiques véritables.
C’est ce qui s’est vraisemblablement produit à Luanda le 14 septembre dernier, lors de la 4ème réunion ministérielle. Aucun accord n’a été trouvé pour cause d’un rejet de dernière minute de la ministre congolaise, qui a refusé d’adopter le plan harmonisé présenté par ses propres experts en renseignement, avec leur homologue rwandais.