Chiffres, analyses et nouvel outil de calcul : vous saurez tout sur la dernière saison touristique en Livradois-Forez
C’est un chiffre de taille et qui a son importance. Dans son bilan de la saison estivale sur le territoire (celui du Parc naturel régional Livradois-Forez et des intercommunalités Thiers Dore Montagne, Billom communauté, Entre Dore et Allier et Ambert Livradois Forez, soit 190 communes), la Maison du tourisme (MDT) du Livradois-Forez met en exergue ce nombre à cinq chiffres : 17.000.
Soit celui des nuitées enregistrées jeudi 15 août.
Un nouvel outil de géolocalisation expérimentéUn "pic de fréquentation" qui s’explique notamment par le démarrage tardif de la saison touristique. Un chiffre qui, additionné aux autres calculés sur l’ensemble de la saison (juillet et août), porte à 628.000 le nombre de nuitées dans le territoire. Soit 17 % à l’échelle du département quand le Sancy pointe, lui, à 25, 8 %. Pas si loin.
Cette évaluation précise en matière de tourisme est la première du genre pour la MDT. On la doit au dispositif Flux vision mis en place par l’opérateur Orange. Un outil qui mesure les flux de population grâce aux données mobiles. Qui permet à Orange de déterminer notamment, en ce qui concerne les nuitées, où chacun de ses clients a passé la nuit (entre minuit et six heures) grâce à la géolocalisation et les relais mobiles. Des données savamment analysées puis revendues, dans ce cas précis, au Conseil départemental du Puy-de-Dôme qui en a fait bénéficier les structures touristiques (voir encadré).
Les maisons secondairesComment analyser ce chiffre de 17.000 ? "Difficile de savoir avec précision", commente Benoît Barrès, directeur de la MDT du Livradois-Forez. Entre lits marchands (environ 12.855) résidences secondaires (plus de 12.000) ou la possibilité d’être hébergé par un tiers (familles, amis, etc.), l’offre est multiple en matière d’hébergement touristique. Et Flux vison ne dit pas qui a dormi où. Les données sont anonymisées, fort heureusement.
Pourtant, l’analyse peut s’affiner. En comparant ces "bons" chiffres estivaux avec ceux du Sancy, un territoire qui dispose de trois fois plus de lits marchands (environ 34.500), on constate que l’écart n’est pas si important. Dans le territoire, les maisons secondaires sembleraient ainsi être un mode d’hébergement particulièrement prisé par les touristes. Plus que chez nos voisins des volcans. Pas très étonnant lorsqu’on regarde les chiffres de l’Insee : le Livradois-Forez compterait 16 % de maisons secondaires (12.694, chiffres de 2023) contre 10 % dans l’ensemble du territoire français.
Mais quid des lits marchands ? Faut-il espérer mieux pour l’activité économique et booster les 7 à 8 % du PIB du territoire que représente déjà ce secteur ?
La question divise. "Nous sommes loin, très loin, du surtourisme, même si beaucoup d’hébergements affichaient complets lors du pic à la mi-août", contextualise Benoît Barrès, qui souhaite également travailler à allonger au maximum la saison touristique pour éviter notamment tout "embouteillage" en matière d’hébergement sur de très courtes périodes en été, comme jeudi 15 août 2024.
Bilan de la saison en globalité2022 puis 2023 avaient marqué le retour aux affaires en matière de tourisme suite à la crise Covid, en France. Le Livradois-Forez avait profité de la (bonne) tendance. Cet été, trois facteurs ont perturbé très tôt ce qui aurait pu être une nouvelle année exceptionnelle, mais ne fut, au final, qu’un "bon cru", comme le souligne la Maison du tourisme du Livradois-Forez, dans son traditionnel bilan de fin de saison.
Une météo capricieuse, des élections législatives anticipées et "un certain attentisme vis-à-vis des Jeux olympiques", ont eu l’effet de décaler certains séjours, reportant le plus gros de l’activité touristique en août, et notamment le week-end du 15 août, "et une activité plus dense que d’habitude sur la deuxième quinzaine d’août".
Une baisse du pouvoir d'achatNiveau finance, les prestataires touristiques interrogés par la MDT ont observé une baisse du pouvoir d’achat du côté de la clientèle.
Plusieurs hôtels et chambres d’hôtes ont constaté que même en soirée, le pique-nique a été préféré à un repas au restaurant.
Une clientèle majoritairement familiale et française.
Plus en détail, les touristes viennent pour beaucoup, et sans surprise, de la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’Ile-de-France pointant à la deuxième position. Par ailleurs, "la progression des régions de l’ouest se poursuit : Aquitaine, Occitanie, Pays de Loire".
Les plans d’eau font le pleinParmi les motifs de satisfaction, la fréquentation des plans d’eau et piscines qui démontrent encore une fois que ces sites sont de véritables têtes de gondoles en matière de tourisme. Une fréquentation estimée à 35.000 personnes à Aubusson et 14.500 à Iloa, même si les méthodes de calcul restent approximatives.
La piscine d’Ambert, elle, enregistre une forte progression de 21 % en raison notamment du succès du World festival Ambert. À noter, enfin, que les plans d’eau ont été peu touchés par les cyanobactéries, contrairement à la saison estivale précédente.
Ce qui a marché ou moins bien marchéEn hausse de fréquentation. Le parc de Prabouré enregistre + 11 % en misant notamment sur la clientèle de proximité. Le moulin Richard-de-Bas voit lui aussi ses chiffres progresser non sans "un mois de juillet inquiétant". Sans oublier le musée de la Céramique à Lezoux (+ 28 % et 2.422 visiteurs) et le musée de la Fourme d’Ambert (+ 7 % et 3.042 visiteurs).
En baisse de fréquentation. Amputée d’une journée pour cause d’élections législatives, le festival la Pamparina ne comptabilise cette année que 15.000 visiteurs contre 30.000, les années précédentes. Agrivap et son vélo rail est aussi en petite perte de vitesse avec une baisse de 5,6 % pour cause de mauvaise météo en juillet. - 10 % également pour les Trains de la découverte à cause d’une baisse de l’offre de 50 % en juillet.
Fréquentation stable. Le festival du volcan de Montpeloux, les Fourmofolies ou encore le musée de la Coutellerie sont restés sur la même lignée que les saisons précédentes.
Yann Terrat
Flux vision et méthodologie. Seules les personnes hors Puy-de-Dôme et pays étrangers ont été prises en compte dans les données. Pour deux raisons. La première pour éviter que les habitants du territoire ne soient eux-mêmes comptabilisés dans ces calculs de nuitées touristiques. La deuxième concerne les habitants des pays étrangers : "Pour que les chauffeurs routiers d’autres pays qui traversent le département et qui s’arrêtent sur les aires d’autoroutes pour la nuit ne soient pas non plus pris en compte. Ceci afin d’éviter un biais statistique", commente Benoît Barrès, directeur de la MDT du Livradois-Forez.